Oran Aujourd'hui

Un nom d’artiste pour un futur cinéma privé ?

En visite samedi dernier à la wilaya d’Oran, la ministre de la culture Malika Bendouda s’est rendue au centre commercial Senia Center où un cinéma multiplex composé de 03 salles d’une capacité de 600 places est en cours de réalisation. Une première occasion pour la ministre de rappeler l’importance de la culture cinématographique et la nécessité d’offrir aux jeunes notamment les étudiants la possibilité d’accéder à ces salles de cinéma «grâce à des tarifs et des formules spéciaux et inculquer cette culture également aux enfants». La ministère a également laissé entendre que le gouvernement allait accompagner financièrement l’investisseur privé pour finaliser ce projet qui «apportera, a-t-elle dit, un plus pour Oran». Malika Bendouda a également inauguré «le théâtre La Fourmi «, une salle de spectacles polyvalente de 120 places, dédiée nous dit-on aux représentations théâtrales. La ministre a exprimé sa satisfaction face à «l’importance de l’investissement culturel … qui veut attirer de plus en plus d’opérateurs privés dans le but de réaliser de nouvelles salles de cinéma et des théâtres en un délai réduit». Ce qui, a-t-elle dit, «allégera le fardeau du financement par l’Etat vu la conjoncture financière actuelle du pays». En d’autres termes, le représentante de l’Etat estime que la Culture est loin d’être un secteur prioritaire et vital, nécessitant de gros efforts de financement d’infrastructures par l’argent public, et qui doit être confié à quelques rares opérateurs privés, certes amateurs d’art et de culture, mais qui ne construisent une salle de spectacle ou un cinéma qu’en accompagnement à leur grande infrastructure hôtelière ou commerciale. Contrairement à ce que peuvent penser certaines élites culturelles mobilisées autour du théâtre et des cinémas privés, ces actions, aussi louables soient-elles n’influent en rien sur le lamentable dépérissement du secteur culturel dans la société, notamment à Oran, où seules quelques rares associations animent le paysage culturel, artistique, littéraire. Des actions qui, très souvent, notent les «mauvaises langues» sont organisées avec le partenariat de l’institut français ou de l’Institut espagnol Cervantès. Ce qui montre bien, s’il le fallait, l’incapacité des structures officielles locales à pouvoir dynamiser et promouvoir ce secteur depuis longtemps en panne de sérieux et de créativité. L’intrusion du secteur privé dans des projets d’investissement à caractère culturel est certes une démarche à soutenir et à applaudir. Mais encore faut-il bien cerner le contenu et les objectifs des programmes culturels envisagés dans ces futures enceintes privées déjà controversées… On sait que le petit animal , la Fourmi, est porteur d’une belle symbolique de travail et de courage. Mais comme le soulignent «les mauvaises langues locales», Oran compte bon nombre de grands artistes, comédiens, écrivains, ou journalistes décédés, dont le nom mériterait d’être gravés au fronton d’un infrastructure culturelle réalisée par un privé.
Par S.Benali

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