Des «zones d’ombre» à aménager, et des «plaies urbaines» à éradiquer…
Sur un ancien site de constructions illicites, au lieu dit « Haï El Meddah» dans la commune de Sidi Chahmi, une bonne partie des habitants demandent la régularisation foncière et l’aménagement de leur «zone d’habitat» devenue un quartier à part entière, tandis que d’autres revendiquent leur recasement dans un nouveau logement social.
Ces dernières ont fait la semaine dernière le tour des rédactions des journaux pour adresser une lettre ouverte au wali d’Oran lui demandant leur recensement et «le respect de leur droit au relogement». «Tandis que des opérations de recensement des familles occupant la plupart des bidonvilles de la wilaya ont été lancées ces derniers jours, notre site n’a pas été concerné» indiquent des représentants de ces familles qui se disent en attente d’un logement neuf depuis plus de trente ans. Selon ces mêmes représentants, les occupants de la partie inférieure de ce quartier-bidonville de près de 300 familles auraient déjà fait l’objet d’un recensement et seraient concernés par un éventuel prochain relogement. « Nous revendiquons aussi le droit au relogement car nous ne pouvons plus supporter les conditions de vie précaires de ce quartier… Nous lançons un appel au wali d’Oran pour l’envoi de la commission de recensement en perspective d’un relogement », soulignent dans leur lettre les habitants concernés. Selon un ancien cadre communal avisé, le site de Haï El Meddah qui existe depuis la période coloniale est en réalité un ancien domaine agricole colonial devenu ensuite un domaine autogéré peu à peu occupé par des constructions d’habitations érigées sans respect des normes élémentaires d’alignement et d’urbanisme. Avec le temps, les occupants, anciens et nouveaux, se sont divisés entre ceux qui veulent rester sur le site et bénéficier d’aménagements urbains divers et d’autres qui veulent être relogées dans des logements décents. Il est vrai que ces derniers occupent la partie du site constitué surtout de baraques en tôle et en parpaings illicitement construites sur le site depuis quelques années. Ce lieu dit « Haï El Meddah» dans la commune de Sidi Chahmi illustre parfaitement toutes les failles et les paradoxes de la vieille politique d’aménagement du territoire des collectivités locales, axée sur la nécessité d’éradiquer les sites d’habitat précaire. Les oranais, parmi les plus âgés, se souviennent des anciennes fermes coloniales dès la sortie Est d’Oran qui ont donné leur nom aux regroupements de construction illicites formant à l’époque une ceinture de misère autour de la grande ville. Des douars connus sous diverses appellations comme Sidi El Bachir, Fernand-ville, Bernard-ville ou encore Chtaibo ou Belgaid.
La majorité de ces anciens lieux d’habitat précaire ont fini, avec le temps, par devenir de véritables zones urbaines aménagées tant bien que mal et même intégrées dans l’organisation locale du territoire.
L’histoire de ce lieu dit « Haï El Meddah» dans la commune de Sidi Chahmi, comme celui du site dit «Coca» à la sortie d’Oran vers Misserghine et de bien d’autres sites devenus parfois des «zones d’ombre» à aménager ou des plaies urbaines à éradiquer, illustre l’ampleur des défis qui restent à mener à Oran en matière de développement et de régulation de la croissance démographique et urbaine…
Par S.Benali