Échecs et défaillances dans l’animation culturelle
Une dizaine de films français, belges, roumains, tchèques, estoniens, allemands et autres seront projetés à la cinémathèque d’Oran. Cette initiative, certes louable, est inscrite par les organisateurs et animateurs concernés sous le label de «la deuxième édition des journées du film européen» instituée depuis peu en événement culturel à Oran.
Il est évidemment utile et intéressant de proposer aux cinéphiles oranais la projection de quelques œuvres cinématographiques telles que «L’employé du mois» de la réalisatrice belge Véronique Jadin, ou «Le livre des solutions» du Français Michel Gondry et d’autres films peu connus et à découvrir par le public oranais concerné.
Commentant cette actualité culturelle, les mauvaises langues locales se sont empressées de rappeler la «disparition» de l’ancien festival du film arabe organisé il y a quelque temps à Oran mais qui semble finalement avoir connu un échec incontestable. Il est certes plus commode et plus facile pour les gestionnaires d’une cinémathèque d’organiser des «journées du film européen» plutôt qu’un festival spécialisé nécessitant la venue de réalisateurs, d’acteurs et de célébrités devant être transportées, hébergées et accompagnées dans les meilleures conditions.
Ce choix de la cinémathèque d’Oran d’organiser des «journées du film européen» a suscité sur les réseaux sociaux des polémiques et des interrogations sur la capacité des acteurs du secteur local de la culture à pouvoir mener une dynamique d’animation réfléchie devant répondre aux enjeux actuels et aux aspirations de la société locale.
Contrairement à l’activité théâtrale qui connaît un certain regain d’initiatives et de succès, le cinéma à Oran végète encore dans le tâtonnement et l’improvisation propre carences cumulées depuis des années. Loin, très loin encore de pouvoir rivaliser avec d’autres manifestations artistiques et culturelles internationales organisées sous d’autres cieux, et même dans des pays voisins, Oran continue de s’auto-suffire de quelques tentatives inscrites abusivement au registre de la promotion et de l’animation culturelle.
Seul le festival du théâtre arabe, organisé avec la ville de Mostaganem, résiste encore et tente de s’installer en événement crédible qui a le mérite d’exister, malgré quelques lacunes et insuffisances liées au manque de moyens financiers…
On se souvient que lors des éditions du festival du film arabe à Oran, les participants, acteurs et metteurs en scène, avaient pointé du doigt les défaillances dans l’organisation, l’absence du public, et les failles en matière de communication sur le contenu du programme.
Usant de la langue de bois, les organisateurs et encadreurs désignés, venus pour la plupart d’Alger, n’avaient pas cessé d’afficher un satisfecit béat et démesuré sur le déroulement de chaque édition. On sait depuis longtemps que le secteur de la culture locale, comme celui du sport collectif de performance, n’a pas été épargné par certains acteurs-prédateurs qui n’avaient d’autres motivations que de profiter de l’ancien système rentier pour tirer des avantages personnels et imposer leur incompétence sur la scène désertée par les véritables talents et élites sociales intègres et compétentes.
Ainsi va Oran.
Par S.Benali