Oran

Fluctuant entre 1.200 et 1.500 DA le kilo : la sardine se fait désirer

La sardine, longtemps considérée comme le poisson du quotidien et symbole d’accessibilité alimentaire, atteint désormais des niveaux tarifaires inattendus. Dans plusieurs marchés des grandes villes côtières, dont Oran, le kilo se vend entre 1.200 et 1.500 dinars, un prix record qui suscite incompréhension et inquiétude chez les consommateurs.

Face à cette flambée, des professionnels et des spécialistes avancent plusieurs facteurs, mêlant conditions climatiques, baisse de la ressource et pression du marché. Selon les pêcheurs, la première raison réside dans la raréfaction temporaire de la sardine.
Les dernières semaines ont été marquées par des perturbations climatiques, vents forts et mer agitée, ralentissant les sorties en mer et réduisant l’offre disponible. Les chalutiers contraints de rester au port ont vu leurs volumes chuter de manière significative, réduisant mécaniquement la quantité écoulée sur les quais. À cela s’ajoutent les problèmes structurels du secteur de la pêche, régulièrement dénoncés par les professionnels. Le vieillissement de la flotte nationale, la hausse du coût du carburant et des pièces de rechange, ainsi que l’entretien coûteux des embarcations pèsent lourdement sur les marges. Certains pêcheurs affirment qu’un kilo de sardine vendu à moins de 1.000 dinars devient difficilement rentable dans le contexte actuel, ce qui pousse inexorablement les prix vers le haut. D’autres facteurs relèvent de la chaîne de distribution elle-même.

Entre le prix initial au port, les marges successives des intermédiaires, les frais de transport et la spéculation en période de faible offre, le tarif final peut être multiplié par deux avant d’atteindre les étals. L’absence de mécanismes de contrôle efficaces contribue également à la volatilité du marché, laissant les prix évoluer au gré de l’offre et de la demande sans réelle régulation. Du côté des consommateurs, l’inflation du poisson le plus populaire du pays est vécue comme un signal préoccupant. Beaucoup voient dans cette hausse une nouvelle fracture sociale, la sardine étant depuis des décennies la seule alternative abordable aux produits carnés, eux aussi en augmentation. Dans certains quartiers d’Oran, des ménages affirment devoir renoncer au poisson. Les professionnels restent toutefois optimistes. Si les conditions météorologiques s’améliorent et que la ressource se stabilise, les prix pourraient progressivement revenir à un niveau plus raisonnable. Certains espèrent également que les programmes d’investissement annoncés dans la modernisation de la pêche finiront par porter leurs fruits, permettant de renforcer la production nationale et de limiter les fluctuations saisonnières. En attendant, la sardine, jadis surnommée «la viande du pauvre », devient un produit presque de luxe, reflet des tensions économiques qui touchent désormais même les tables les plus modestes.

Yacine Redjami

 

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