«Forêt pédagogique» à l’université… et «village scientifique à la Sebkha»
Le projet de village scientifique prévu au niveau du lac salé d’Oran « Dhayet Morsli » sera désormais géré et suivi par la Direction de l’urbanisme, de l’architecture et de la construction (DUAC) et non plus par la Direction des travaux publics (DTP) comme prévu initialement au titre de la désignation du maître d’ouvrage (MOA).
Un changement de procédure qui sera sans conséquences sur les travaux d’études confiés à Bureau choisi par la DTP. Selon des observateurs avisés, ce changement d’affectation de la gestion de ce projet serait notamment motivé par les «meilleures chances de décrocher une inscription et un financement auprès du secteur de l’urbanisme». Annoncé en novembre 2023 par l’ex-wali d’Oran Saïd Sayoud, ce projet de village scientifique prévu sur la zone humide classée de «Dhayet Morsli» ne cesse de soulever des commentaires divers, élogieux ou critiques, de bon nombre de citoyens parfois surpris, voire choqués par cette initiative hors-normes aux contours encore opaques en termes d’impact et d’opportunité.
Un projet qui a été, selon bon nombre, «soudainement installé au programme de développement urbain de la cité» sans grande «consultation ou concertation avec les élites sociales et universitaires concernées». Il est vrai que l’ancien wali, aujourd’hui ministre des transports, ne ratait aucune occasion pour mettre en avant la «paternité de ce projet» initié, disait-il à juste titre, pour enfin régler le plus ignoble des «points noirs» qui pénalise l’image urbaine de la ville depuis de longues décennies.
Malgré le déficit en communication officielle autour des détails de ce projet, on croit savoir qu’il s’agit dans une première phase d’engager des travaux d’assainissement et de désenvasement du «p’ti lac» avant de lancer l’aménagement d’espaces verts, la réalisation d’aires de détente et repos, l’installation d’équipements pour la pratique sportive, et la réalisation d’infrastructures commerciales. Avec en point central la construction de cinq bâtiments dédiés à la recherche scientifique.
Mais pour un expert oranais en aménagement, il semble ardu et bien difficile de cerner dans les détails un état descriptif et quantitatif de tous ces travaux de différente nature. Les Oranais parmi les plus âgés se souviennent que dans les années 70 une grande étude a été commandée par les autorités locales de l’époque pour la dépollution des eaux de la Sebkha.
Comment regrouper dans un même projet et un même cahier des charges des coûts financiers relevant de différents secteurs d’activité? La nécessité vitale de dépolluer et d’éradiquer en priorité le déversement des eaux usées dans le lac de la sebkha oranaise, et de permettre de sauver une zone humide jadis fréquentée par de merveilleuses espèces d’oiseaux migrateurs, semble pourtant être un choix simple, urgent et évident qui ne devrait souffrir dans un premier temps d’aucun autre élément de projet complémentaire influant sur le mode financement, les délais et les coûts de réalisation.
Pourquoi estiment de mauvaises langues locales avisées, ne pas construire ces cinq bâtiments du village scientifique sur les espaces anciennement boisés et aujourd’hui dégradés situés dans l’enceinte même de l’université USTO? Un site qui vient justement de faire l’objet d’un projet de réalisation d’une «forêt à vocation scientifique et pédagogique». Qui décide de quoi à Oran?
Par S.Benali