Oran Aujourd'hui

Incivisme et «syndrome de la vitre cassée»

Lors d’une récente réunion de l’exécutif de wilaya le wali d’Oran a appelé les maires à redoubler d’efforts afin d’assurer plus d’efficacité et de succès en matière d’hygiène et d’entretien de l’environnement. «Certaines communes, a-t-il déclaré, ont prouvé leur échec en matière de collecte et de traitement de déchets alors que d’importants moyens humains et matériels sont mobilisés pour mener à bien cette mission». Un constat bien partagé sur les réseaux sociaux par des citoyens oranais qui ne cessent de dénoncer le fléau des déchets, des décharges sauvages, des ordures ménagères non ramassées et plus globalement de la clochardisation du cadre urbain à travers de nombreux quartiers. On sait pourtant que le wali en poste, comme ceux qui l’ont précédé, a toujours insisté sur l’impérative nécessité d’appliquer les programmes arrêtés pour éradiquer les décharges sauvages et les «points noirs» recensés chaque année sur le territoire des communes. Le wali d’Oran a même pris l’initiative d’installer au niveau de son cabinet une cellule spéciale pour le suivi des actions programmées pour renforcer l’entretien de la ville et multiplier les opérations de collecte des ordures et autres déchets. Notamment dans la commune d’Oran où les directeurs des secteurs urbains sont chargés d’identifier les points noirs et de programmer les interventions des équipes de nettoiement. Mais malgré quelques progrès enregistrés dans certaines nouvelles zones urbaines, la ville offre encore ici et là des images hideuses que l’on croyait définitivement éradiquées. Comme le spectacle de ces baudets tirant une charrette en toute impunité sur une artère à grande circulation ou dans bon nombre d’anciens quartiers. Des charretiers qui avaient disparu du paysage il y a quelque temps après des arrêtés d’interdiction et de sévères mesures prises par les responsables locaux. Mais comme le soulignent des sociologues avisés, ces charrettes hippomobiles, comme les marchands informels squattant des trottoirs et même des rues, l’abandon des déchets, le mobilier urbain dégradé, les décharges sauvages et tas d’ordures non ramassées et bien d’autres «points noirs» indignes des notions de progrès et de modernité sont aussi le reflet d’un manque d’éducation citoyenne et de civisme de plus en plus enraciné. Notre confrère à Ouest Tribune évoquait il y quelques jours le placardage des écriteaux sur les murs et les devantures d’habitations portant la mention « interdit de jeter vos ordures ». Ce genre d’avertissement est souvent visible à Oran, parfois grossièrement peint sur un mur par les services de l’APC croyant pouvoir éviter la formation d’une petite décharge sauvage non loin d’une école, d’un organisme ou même d’une institution. Un exemple parmi bien d’autres qui illustre en effet l’ampleur du fléau de l’incivisme souvent nourri par le «syndrome de la vitre cassée» bien connu des sociologues. Une seule vitre cassée non remplacée, un seul petit tas d’ordure non ramassé, un sachet de plastique abandonné, un bout de trottoir ou de chaussée défoncé et non restauré, un vieux poteau électrique rouillé non enlevé, … et c’est tout le site d’habitat qui peu à peu est pris dans la spirale infernale de la régression et de la clochardise avancée.

Par S.Benali

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