Oran Aujourd'hui

Jardins et placettes des quartiers: de la régression à l’abandon

Dans bon nombre de quartiers et de grandes cités d’habitat, comme les Hlm/Usto, Maraval, Gambetta et bien d’autres, les moindres parcelles dédiés aux plantations et espaces verts perdent au fil du temps leur noble vocation de lieux de détente et de respiration pour les riverains et les familles en quête d’ombre et de verdure dans un espace agréable et sécurisé. Un peu partout, comme au rond-point des trois cliniques, des présumés jardins clôturés ne servent qu’à cacher de multiples dérives urbaines telles l’extension illicite des appartements en rez-de-chaussée et l’occupation de bouts de terrains par des enclos clôturés par des parpaings ou des grillages. Et selon des habitants de la cité concernée, les autorités communales ne peuvent être dans l’ignorance de ces atteintes et dépassements commis en toute impunité puisque il existe souvent parmi les riverains un ou deux habitants nouvellement élus à l’APC.
Des élus, expliquent des témoins, qui avouent leur totale incapacité à peser sur les décisions de gestion du foncier urbain et encore moins à pouvoir imposer un début d’assainissement du cadre de vie collectif truffé de «poches» de non-droit  illicitement occupés. Des espaces devant être des petits jardins de quartier mais qui ne servent hélas que de lieux de perversion et de délinquance, clochardisés et abandonnés après des années de laxisme et de renoncement organisé.
Sur les réseaux sociaux, on peut souvent lire des commentaires appelant les responsables locaux à mettre en oeuvre des mesures de sensibilisation et de mobilisation citoyenne pour lutter collectivement contre ces formes  de détournement du bien commun favorisé par une passivité collective et surtout encouragée par l’incapacité des autorités communales à assumer pleinement leurs missions élémentaires d’entretien et de gardiennage des jardins, aires de repos et espaces verts.
Même le célèbre ancien Jardin des plantes de M’dina Jdida n’a pas échappé à cette lamentable culture de l’abandon et de la régression fatale. Depuis des années, la fameuse manifestation des «Floralies d’Oran» organisée chaque printemps au jardin des plantes, a été abandonnée, remplacée de maniére sommaire et médiocre par une soi-disant exposition de fleuristes au jardin dit «citadin» de la frange marine. Un Jardin lui-même transformé en une sorte de kermesse de douar ou de rassemblement forain proposant des toboggans et des jeux de manèges rouillés dans un décor et une ambiance indigne de toute notion de progrès et de modernité.
Il fut un temps où les jardins d’Oran, comme ceux de la promenade Ibn Badis, ex-Létang, de la rue Khemisti ou de M’dina Jdida, et les placettes de quartiers comme celles de St Eugène, Gambetta, Miramar, la grande Poste ou encore l’ex-place jeanne d’arc, constituaient des havres de repos et de détente pour les riverains, notamment des retraités et personnes âgées qui disposaient de jolis bancs en bois et d’un kiosques à journaux pour des moments agréables de détente et de repos.
Aujourd’hui, on voit souvent en ces mêmes lieux, des personnes âgées assises en rond sur des cartons étalés à même le sol sale et poussiéreux, jouant aux cartes ou aux dominos pour oublier les vicissitudes et les désagréments d’une misère urbaine imposée. Ainsi va Oran…

Par S.Benali

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