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ELLE POINTE L’ABSENCE DE TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE DANS LE PARTENARIAT ÉTRANGER:
La Cour des comptes charge l’industrie cimentière

La faute n’émane pas des partenaires étrangers, mais bel et bien des négociateurs algériens de ces contrats de management. Il en a résulté une «absence d’une prise en charge adéquate de la question de la formation et du transfert du savoir-faire», souligne le rapport.

Le partenariat entre les entreprises publiques et des opérateurs étrangers pêche par l’imprécision dans la rédaction des contrats de management, signale la Cour des comptes dans son dernier rapport rendu public, hier. L’institution chargée du contrôle des finances publiques prend en exemple le secteur du ciment qui a vu 5 cimentiers publics se lancer dans des partenariat avec des privés internationaux.
La Cour des comptes constate une amélioration de la production, mais pointe l’absence d’une mise à niveau de l’outil de production. Une progression donc encore fragile et il semble, à bien lire le rapport, qu’il n’existe dans le contrat liant les cimentiers publics à leur partenaire étranger aucune disposition en rapport avec ce point précisément. Retenant que ce partenariat a été lancé entre 2005 et 2008, concernant la société des ciments de Hadjar Soud (SCHS), la société des ciments de Sour El Ghozlane (SCSEG), la société des ciments de la Mitidja (SCMI), la Société des ciments de Zahana (SCIZ), ainsi que la société des ciments de Béni-Saf (SCIBS), le rapport met en évidence un contrat de cession d’actions, à hauteur de 35% du capital social. Celui-ci accompagne un autre contrat, portant délégation du management de la société à la firme étrangère acquéreur des actions.
Une approche classique qui a été utilisée dans nombre de secteurs d’activité. Mais la Cour des comptes a fait le constat que lesdits contrats de management ne portaient que sur l’accroissement de la production des cinq cimenteries. Cet objectif a été atteint. Mais l’institution de contrôle des finances publiques note dans son rapport qu’«en dépit de l’amélioration des rendements moyens annuels des cimenteries, comparativement à leurs performances antérieures à l’entrée en partenariat, cette opération n’a pas permis de mettre à niveau les outils de production des sociétés concernées et de les faire bénéficier du savoirfaire en management et de l’expertise en industrie du ciment des partenaires étrangers, dont certains de renommée internationale ».
En d’autres termes, il n’y a pas eu transfert de savoirfaire et de technologie. Cette lacune qui exclut les cimenteries algériennes du développement que connaît le métier est en rapport avec des manquements dans «l’élaboration des contrats de management, dont les clauses contractuelles n’ont pas suffisamment définis les objectifs de performance du manager, les modalités d’évaluation des objectifs contractuels, les critères de désignation du directeur général et les conditions de sa révocation».
La cour des comptes pointe là, un véritable mal algérien qui empêche l’acquisition de savoirfaire. Mais l’on comprend que la faute n’émane pas des partenaires étrangers, mais bel et bien des négociateurs algériens de ces contrats de management. Il en a résulté une «absence d’une prise en charge adéquate de la question de la formation et du transfert du savoir-faire», souligne le rapport. A cette tare, la Cour des comptes en ajoute une autre, ayant trait «aux plans d’investissement arrêtés pour la réalisation des objectifs de production », qui «n’ont pas été respectés », indique-t-on.
Plus précisément, «les objectifs contractuels de production fixés dans les contrats de management de quatre cimenteries sur les cinq et l’objectif de mise à niveau de leurs outils de production n’ont pas été atteints, en dépit des opportunités qu’offrait, durant cette période, le marché national du ciment, et la rentabilité des cimenteries et de leur aisance financière», explique le rapport. Ce semi-échec est imputable aux insuffisances du cadrage du partenariat par les contrats de management.
Il y a également «l’inobservation de certaines clauses contractuelles en particulier celles relatives à la mise en oeuvre des plans d’investissement arrêtés pour la réalisation des objectifs de production». Cette analyse sans concession d’une des filières qui a réalisé d’intéressant chiffres à l’exportation met en évidence le chemin qui reste à parcourir pour garantir la pérennité de l’industrie cimetière nationale.
La leçon à tirer tient dans plus de rigueur dans la définition des clauses des contrats qui doivent systématiquement inclure le transfert du savoir-faire et de l’expérience technologique, dont le partenaire se fait prévaloir.
Anissa Mesdouf

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