EDITO

Le conflit malien va sur ses dix ans

Le conflit qui déstabilise le Mali bouclera la semaine prochaine sa dixième année. Durant ce laps de temps, l’opinion internationale est régulièrement informée sur les opérations terroristes meurtrières, les frappes de l’armée française, dont l’un des présidents est directement responsable de la situation sécuritaire au Mali. En détruisant la Libye, Nicolas Sarkozy, pour ne pas le citer, a jeté des hordes de terroristes surarmés sur le Mali. C’est là un fait historique que personne ne peut démentir. Tout au long de ces dix ans, les Maliens ont vécu les affres du sous-développement, conséquence de l’instabilité causée par des forces étrangères, venues casser la dynamique de l’accord d’Alger, dont la spécificité est dans son caractère inclusif.
Le travail de sape organisé par des occidentaux a favorisé plusieurs coups d’Etat. Le plus révoltant dans l’histoire tient à l’attitude des pays voisins du Mali qui, au lieu de l’accompagner dans la recouvrement de la légalité constitutionnel, ont préféré agir comme des puissances étrangères et lui imposer des sanctions, dont le peuple en fera les frais. Cette manière d’agir inamicale n’est pas la conséquence du dernier coup d’Etat et de la démarche suivie par l’armée au pouvoir, mais elle répond à l’exigence occidentale de faire pression sur Bamako qui a choisi de ne plus se reposer sur la France pour sa sécurité. Les Français qui ont eu leur Bob Denard, de triste réputation, refusent de voir des mercenaires russes opérer au Mali. Le propos n’est pas de soutenir le recours à des armées privées étrangères, mais de souligner les deux poids deux mesures des occidentaux.
Dans cette nouvelle séquence du conflit malien, l’Algérie apporte son message de paix en proposant sa médiation entre la CEDEAO et le Mali. Si ce dernier reçoit positivement l’initiative algérienne, l’organisation ouest africaine attend certainement les instructions de Paris. C’est dire qu’au lieu de se résorber, la crise malienne s’exacerbe avec l’entrée en lice de nouveaux acteurs qui ne cherchent pas la paix dans ce pays. Il est clair que la mission de l’Algérie n’en sera que plus difficile, mais il reste l’accord d’Alger qui, s’il est pris en charge par tous les parties maliennes et seulement elles, les mercenaires de Wagner quitteront le pays et les occidentaux n’auront plus de prise sur son gouvernement.
Le problème dans le conflit malien est tout aussi bien la violence des groupes armés que le temps qui presse pour stabiliser la situation. On sait quand une guerre commence et on ignore tout de sa fin. Il y a dix ans, Sarkozy et son successeur, Hollande, ont tout fait pour précipiter la région dans cette guerre. Pourtant, il était à l’époque possible de l’éviter. Les efforts fournis par l’Algérie pour aboutir à une solution politique inter-malienne versaient dans cette logique. Mais dix ans après…

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