La difficile équation des urgences et des priorités
À l’occasion d’une rencontre avec les habitants de la commune de Boufatis, le wali a déclaré que près de 20.000 logements toutes formules confondues, dont plus 15.000 logements sociaux, ont été distribués depuis son installation, il y a un an à la tête de la wilaya d’Oran.
Un bilan chiffré voulant illustrer semble-t-il le succès de la stratégie du gouvernement en matière d’habitat et de prise en charge des attentes des citoyens en ce domaine.
Les observateurs avisés notent cependant que cette politique du logement, plutôt axée sur les opérations de relogement visant à éradiquer les bidonvilles et à mettre à l’abri les familles occupant les bâtisses du vieux bâti à risque d’effondrement est un objectif certes urgent, voire prioritaire, mais qui ne répond pas aux besoins, à moyen et à long terme, générés par la croissance démographique et les mouvements de population vers la grande ville, induits on le sait par les déficits de postes d’emploi et de structures sociales , éducatives et sanitaires dans les zones rurales, parfois bien éloignées du chef lieu de wilaya.
En réalité, la stratégie de gestion du territoire de la collectivité locale n’a jamais pu être maîtrisée avec rigueur et efficacité tant il est vrai que bien d’autres questions urgentes et prioritaires ne cessent d’être inscrites dans la «feuille de route» des décideurs locaux.
Notamment à la wilaya d’Oran, où la plupart des grands dossiers de gestion des affaires locales se trouvent souvent pénalisés par des entraves, des carences et des incohérences, sources d’échecs, de retards, et de médiocres tâtonnements.
Pour illustrer le propos, on pourrait ici citer un grand nombre d’exemples, pour certains vieux de cinquante ans, illustrant la gabegie et la faillite en matière de structuration et d’harmonisation du tissu urbain oranais livré à une clochardisation devenue chronique.
La vieille tour de béton près de la place du 1er Novembre, qui nargue le regard des Oranais depuis plus de quarante ans, le Palais du Bey et la Mosquée du Pacha en attente de réhabilitation, la promenade Ben badis plusieurs fois «réaménagée» sans grands résultats, le vieux quartier de Sidi El Houari livré à l’effritement et aux démolitions ponctuelles du patrimoine bâti, la zone de Ras El Ain-Les Planteurs inscrite, en vain, dans un vaste projet d’éradication des bidonvilles et de restriction urbaine, et bien d’autres opérations et projets initiés, parfois lancés et abandonnés, reflètent l’ampleur des échecs et du renoncement qui ne cessent de porter atteinte aux ambitions de progrès de et de modernité de la Ville d’Oran.
Réussir à distribuer près de 15 000 logements sociaux en un an, à des familles en attente de relogement parfois depuis plus de dix ans, mérite reconnaissance, mais bien d’autres priorités restent encore à combler.
Par S.Benali