Oran Aujourd'hui

La «fatalité des échecs et des dysfonctionnements»

La société chargée de la gestion de la station de dessalement d’eau de mer d’El Mactaa a annoncé la semaine dernière une drastique réduction de sa production en raison d’un problème technique. Mais depuis deux jours, on a appris que la station de dessalement connaît finalement un arrêt total en raison nous dit-on de «la présence dans l’eau de mer de quantités importantes de matières en suspens qui risqueraient d’obstruer les filtres et mettre en péril l’ensemble de la station». Un probléme technique vaguement évoqué par les gestionnaires de la station qui semblent garder une certaine opacité dans le contenu de leur information. En cette période de forte pénurie d’eau potable dans les robinets oranais, les citoyens et les médias sont en droit de connaître dans les détails les causes précises de ces arrêts à répétition de cette grande usine de dessalement qui semble touchée elle aussi par la «fatalité des échecs et des dysfonctionnements». Malgré les récentes pluies abondantes sur la région, la Société de l’eau et de l’assainissement d’Oran (SEOR) a encore du mal à trouver un brin d’optimisme dans la gestion des faibles quantités disponibles devant être distribuées aux habitants. Faut-il rappeler que depuis bien longtemps, l’alimentation en eau potable de la ville d’Oran est restée pénalisée par des déficits si importants que l’on avait recours dans le passé à l’eau saumâtre de certains forages pour alimenter les robinets. Les Oranais, parmi les plus anciens, ont même gardé l’habitude du goût du café légèrement salé rappelant leur enfance. Il y a vingt ans seulement, des projets d’envergure, tels l’adduction au barrage de Gargar et la station de dessalement ont été enfin lancés par les décideurs de l’époque, dans des conditions de réalisation et de gestion qui n’auguraient rien de bon. Des experts locaux aujourd’hui en retraite pointaient déjà du doigt le manque de maturation de ces projets porteurs de précipitation et d’incertitudes en termes d’encadrement et de gestion de la maintenance. Puis ce qui devait arriver arriva. Les pannes et les incidents fréquents dans la station de dessalement se sont multipliés ces derniers temps. Et la grande conduite d’eau du couloir M.A.O, Mostaganem, Arzew – Oran, a connu son début de saturation. Il faut donc bien admettre que l’approche et la vision de la politique de distribution de l’eau potable a souffert, et souffre peut-être encore, d’un manque de rigueur et d’efficacité, faisant l’impasse sur les besoins à long terme. Un dossier finalement inscrit lui aussi au registre de la fatalité des échecs et des dysfonctionnements qui plane depuis des décennies sous le ciel d’Oran.
Par S.Benali

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