Projets de réhabilitation d’infrastructures: Des retards et des non-dits
Le Grand Hôtel d’Oran, l’un des plus anciens et emblématiques édifices de la ville d’Oran, est depuis plus de dix ans condamné à un état de dégradation et d’abandon indigne des ambitions et des discours officiels sur la modernité et le progrès de la cité. Cet établissement hôtelier, connu de tous les anciens oranais pouvant témoigner de sa charge émotionnelle et de son Histoire, a enregistré le passage d’un grand nombre de célébrités et de personnalités. Avec le temps, le laxisme et l’abandon, le grand hôtel s’est peu à peu transformé en une désolante bâtisse fragilisée par les effritements des murs et des plafonds, envahie par les rats et les détritus, et infestée par les moisissures des revêtements. En février 2011, le wali de l’époque annonçait que le Grand Hôtel allait être repris en main par les pouvoirs publics après l’échec d’une opération de privatisation. Une opération lancée en 1996, en faveur d’un opérateur connu sur la scène locale, mais qui avait provoqué la colère et le rejet des membres du syndicat des travailleurs. Et comme souvent à Oran, cette initiative allait échouer, sabotée disent certains par les querelles, les convoitises et les zizanies propres au terrain social oranais. Le Grand Hôtel à l’abandon restera ainsi fermé et abandonné durant près de vingt ans. Après la mise en échec de toutes les tentatives de privatisation, aucun décideur, aucun gestionnaire local, aucun élu local, député ou sénateur représentant Oran à l’APN, aucun «notable» désintéressé, aucun investisseur dans le secteur du tourisme, n’a tenté d’initier une action pour faire renaître le Grand Hôtel de ses ruines. Et ce n’est que l’an dernier, en juin 2020, que l’Entreprise de Gestion Touristique Ouest « E.G.T.O », domiciliée à Bechar, a lancé un «avis d’appel d’offre» pour un projet de réhabilitation et modernisation du Grand Hôtel de la ville d’Oran. Un projet évoqué il y a près d’une décennie par les autorités locales de l’époque et qui, lui aussi, peinait à être «mis sur rail». Au début de la semaine dernière, on a enfin appris qu’une entreprise algéro-italienne, spécialisée dans la restauration d’édifices et de bâtiments anciens, a été retenue pour prendre en charge le projet de réhabilitation et d’aménagement du Grand Hôtel d’Oran. Faut-il pour autant sauter de joie et applaudir ? Car le fait de retenir une entreprise un an après la publication d’un appel d’offre ne garantit en rien la bonne exécution, dans les délais et les règles de l’art, du projet à engager. Il suffit d’observer le parcours du projet de réhabilitation du siège de la grande Mairie, confiée dans un premier temps à une entreprise algéro-italienne, peut-être la même, qui avait abandonné le chantier pour d’obscures raisons administratives et financières… Le grand Hotel d’Oran, tout comme l’Hôtel de ville, semblent bien frappés par la légendaire fatalité des retards et des échecs qui plane depuis toujours sous le ciel oranais…
Par S.Benali