La France sombre
Branle-bas de combat dans toute la France. Près de 80.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés hier par le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau dans une tentative d’étouffer les voix des Français en colère. Il se trouve qu’entre le moment où il a pris la décision et le jour « J », il n’est plus aux affaires. La France se retrouve donc avec un Premier ministre, mais sans gouvernement face à une contestation d’une très grande importance. Du jamais vu dans les annales de la 5e République.
Les promoteurs de ces centaines de manifestations populaires, à travers tout le pays, entendent dénoncer une situation socioéconomique déplorable, aggravée par un niveau d’endettement historique qui réduit à néant toute tentative de sauver les meubles à court terme. Emmanuel Macron, qui a eu à affronter la crise sanitaire de la Covid-19 et les conséquences de la guerre en Ukraine, a fait une série de faux pas et fait plonger le pays dans les abysses de la mal gouvernance. Les conséquences auront été une inflation galopante qui pèse sur le quotidien des Français et des politiques déconnectées des réalités du terrain. Les familles peinent à joindre les deux bouts, tandis que les grandes entreprises continuent de dégager des bénéfices record.
Cette fracture entre les élites et le peuple n’a jamais été aussi palpable. Les manifestations, qui rassemblent des citoyens de tous horizons, témoignent d’un ras-le-bol face à un système qui semble privilégier les intérêts d’une minorité au détriment du bien commun. Le slogan « Sortons tous » qui a fait le tour des réseaux sociaux avait de quoi inquiéter une caste dirigeante, visiblement incompétente et manquant affreusement d’imagination. Il n’en faut pas plus pour que la jeunesse monte en première ligne, portée par un désir de changement et une volonté de voir une politique qui plus égalitaire, au lieu d’une oligarchie qui contrôle tout, jusqu’aux actualités diffusées par les médias. Et pour cause, les Français sont les grands oubliés d’une politique médiatique qui les ignore totalement. Et lorsque les médias des oligarques traitent des questions sociales, c’est pour incriminer l’immigration qu’on accuse de tous les maux de la France. La gestion de l’énergie, la lutte contre les inégalités sociales sont autant de sujets nécessitant une attention urgente, mais réduit à des portions congrues du discours politico-médiatique officiel. Il en ressort une défiance envers les institutions de plus en plus visible, au point d’éclater dans la rue, comme en 2005 et 2018.
C’est l’image de la France d’aujourd’hui, un pays ingouvernable dont les élites ont cédé aux démons de l’extrême droite qui se distingue par un absence criarde de projet de société. Cette extrême droite qui a collaboré avec le nazisme allemand, collabore aujourd’hui avec le sionisme barbare. Ce pays sombre.
Par Nabil.G