La gestion des rejets d’eaux usées: un défi majeur
Les promeneurs au jardin «Méditerranéen» à Akid Lotfi sont à chaque fois sidérés par le décor observé en bas de la falaise de ces eaux usées qui se déversent dans la mer. Des rejets sans cesse dénoncés sur les réseaux sociaux, mais qui durent selon plusieurs témoins depuis des années; polluant gravement le littoral à l’est de la ville d’Oran.
Le fléau a pris une telle ampleur que même l’air au niveau de ce jardin devient parfois irrespirable. Et les odeurs transportées par le vent altèrent cet espace censé être une aire de promenade et de repos.
Selon un observateur avisé proche de ce dossier, le problème de l’assainissement des eaux usées et de leur rejet anarchique vers la mer n’a jamais été traité de manière rigoureuse, durable et crédible. Pas moins de 80% des eaux usées sont rejetées sans traitement et répandent dans la nature des bactéries, des nitrates, des solvants chimiques et autres polluants toxiques.
On sait pourtant que plusieurs stations d’épuration d’eaux usées (STEP) ont été réalisées à travers la wilaya et qu‘une dizaine d’autres projets sont inscrits au programme de la direction locale concernée. Mais à Oran, les rejets des eaux usées vers la mer ou dans la zone humide du petit lac constituent encore un fléau à éradiquer.
Il est vrai que depuis ces dernières années les autorités locales ont redoublé d’effort pour relever ce défi. Des études de maturation ont été lancées visant à mettre en place la carte de traitement et de réutilisation qui tient compte du bilan hydrique, de la vocation et des spécificités de chaque zone. On sait que l’eau traitée est utilisable en agriculture et dans l’industrie, et elle permet de satisfaire les besoins en diminuant le prélèvement dans les nappes phréatiques.
Mais les mauvaises langues locales ne cessent de s’interroger sur les raisons des retards, des lacunes, et des improvisations qui pénalisent depuis longtemps ce secteur important du développement local.
En 2008, il y a plus de quinze ans, en raison de la réalisation du « Centre des conventions », l’entreprise Sonatrach avait elle-même pris en charge la réalisation de collecteurs pour régler le grand problème de déversement des eaux usées sur cette partie du littoral de la frange marine. On se souvient qu’en cet endroit, des rivières de rejets nauséabonds s’écoulaient dans la mer dans une totale indifférence des autorités locales successives.
Les travaux de pose de collecteurs et de raccordements au principal réseau périphérique d’assainissement ont été très rapidement achevés pour permettre le bon déroulement du congrès international sur le Gaz inscrit au calendrier. On ne pouvait que s’en réjouir, tout en se demandant pourquoi bien d’autres situations sur d’autres sites restent, des décennies durant, ignorées, oubliées et sans solutions malgré les appels et les cris d’alerte lancés par des associations activant dans le domaine de protection de l’environnement.
A ce jour, certains quartiers et grandes cités d’habitat, telle que la cité HLM-USTO, souffrent encore de carences dans la conception et la réalisation des réseaux AEP et d’assainissement. Au risque de contamination de l’eau potable, par l’eau usée, s’ajoute ici et là le spectre des caves inondées et des maladies résurgentes liées à la prolifération des rats et des moustiques, même en période hivernale. Des fléaux qui ne semblent pas s’inscrire dans une sérieuse politique de prise en charge des risques majeurs dont la liste, pour la cité oranaise, ne cesse de s’allonger…
Par S.Benali