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Entretien avec le professeur et sénateur Boubekeur Mohamed:
«La neutralité de l’Algérie dans les conflits régionaux et internationaux, constitue sa principale force»

Dans l’entretien accordé en exclusivité à Ouest Tribune, le Pr Boubekeur Mohamed, sénateur d’Oran, s’est aisément prêté au jeu
des questions réponses sur les différents événements qui caractérisent l’actualité nationale et internationale. Le rôle prépondérant
de l’Algérie et son avancée sur la scène politique régionale et internationale a constitué un moment fort de cet entretien. Ecoutons-le :

Entretien réalisé par Karim Bennacef

Ouest Tribune : L’Algérie a réalisé des avancées notoires sur l’échiquier politique régional et international. Elle est à la veille d’abriter un important sommet arabe. Quelle est votre analyse ?

Pr Boubekeur Mohamed : Il faut reconnaître qu’à travers le monde, on a eu beaucoup de choses. L’Algérie se défend bien, elle commence sincèrement à être connue. Nous avons d’abord obtenu un siège au niveau du Conseil des Droits de l’Homme à l’ONU, c’est une reconnaissance importante. Nous avons réussi à ramener toutes les franges palestiniennes autour d’une même table à Alger, nous avons été à l’initiative de leur réconciliation. C’est un pas géant qui a été accompli par l’Algérie. Le Président de la République, Mr Abdelmadjid Tebboune a réussi cet exploit et ce n’est pas rien. Cela veut dire également que la diplomatie algérienne est très active. Mais il n’y a pas que la diplomatie, il y a aussi les déplacements du Président au niveau des pays arabes ainsi qu’au niveau de l’Europe. Les deux faits conjugués l’un à l’autre, ont porté leurs fruits. Ensuite, il y a l’organisation du sommet arabe qui se tient dans quelques jours en Algérie. Beaucoup de pays ont manifesté leur intérêt d’y prendre part et cela est une gloire pour l’Algérie. Il ne faut surtout pas croire que si le Prince Mohamed Ben Salmane de l’Arabie Saoudite ne puisse pas venir, pour raison de santé, cela veut dire échec du sommet. Le prince envoie une forte délégation composée de pas moins de 300 membres, ce qui est un signe d’estime et de respect et de reconnaissance à l’égard de l’Algérie. L’Algérie va accueillir tous les pays arabes avec des chefs d’État et leurs délégations, c’est extraordinaire. La rencontre sera rehaussée par la présence du SG de l’ONU, Mr António Guterres, du président du Sénégal, président en exercice l’Union africaine (UA), Mr Makky Sall, du président azérbaïdjanais, M. Ilham Aliyev, président en exercice du Mouvement des Non-alignés, au côté d’autres importantes personnalités mondiales. Ceci est le signe de la puissance de l’Algérie au niveau du Continent africain et de sa force dans le monde arabe, sans oublier qu’elle constitue désormais une façade reconnue en Méditerranée. Sur le plan politique, des événements ont marqué l’actualité nationale ces derniers temps, dont la visite du Président français, Mr Emmanuel Macron, en Algérie, il a été suivi, quelques mois après par sa Première-ministre accompagnée de plus de 16 ministres, visite lors de laquelle plus d’une vingtaine de conventions ont été signées entre les deux parties.

Ouest Tribune : L’Algérie a réalisé aussi d’autres actions notables sur le plan international…

Pr Boubekeur Mohamed : Il est question que l’Algérie rejoigne les cinq pays du « BRICS » que sont le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine, auxquels s’est intégré l’Afrique du Sud en 2011. C’est important. Ces pays partagent des atouts communs, richesse en ressources naturelles et humaines, vastes marchés domestiques, énorme potentiel de développement avec de brillantes perspectives. Aussi, l’éventualité d’une relance du Projet « DESERTEC », n’est pas à écarter. Les opérations navales effectuées conjointement avec la Russie, constituent aussi un indice sur la solidité des relations et de l’aura de l’Algérie auprès de ces pays. Que ce soit sur le plan politique ou sur le plan de la défense, il y a des mouvements qui font en sorte que l’Algérie est devenue une puissance. En l’espace de deux années et demi, un travail de fourmi a été accompli et il a payé. L’Algérie est un pays riche, avec un gros potentiel de phosphate, d’or, de zinc, de cuivre, de minerais, d’énergies. Au Maghreb, c’est une puissance militaire qu’on le veuille ou non, il faut le dire. Nous sommes en train de fabriquer nos propres armes, nos propres véhicules militaires et toute une panoplie d’armements. Et, je n’oublierai pas de citer l’intelligence algérienne, en dehors de la diaspora, dont l’importance est inestimable et qui peut aussi faire un transfert de son intelligence en venant pratiquer chez nous. Ils sont nombreux parmi les Algériens à être dans la Silicon Valley. L’association de l’intelligence algérienne avec la diaspora, constituera une véritable dynamique pour faire décoller l’Algérie. D’ailleurs, le Président de la République, Mr Abdelmadjid Tebboune, a annoncé que nos compatriotes de la diaspora avaient le droit à la retraite et ses avantages en Algérie et cela, pour attirer l’intelligence vers leur pays, leur pays d’origine. C’est une belle initiative.

Ouest Tribune : Qu’est ce qui fait que l’Algérie affiche une forme de sérénité inébranlable ? Où se situe sa force ?

Pr Boubekeur Mohamed : La force et la sérénité de l’Algérie s’expriment dans sa position de neutralité, on est restés fidèles à nos principes , sur les questions sensibles du Sahara Occidental, de la Palestine et sur, bien d’autres questions. A chaque fois que le monde arabe passe par des tumultes, l’Algérie demeure neutre, elle intervient comme médiateur pour le règlement des conflits et en pays réconciliateur, comme cela a été le cas en Libye, en Tunisie, au Sahara occidental, au Mali, etc. Cette position de neutralité de l’Algérie force le respect des autres nations. Dans le conflit russo-ukrainien, l’Algérie ne s’affiche ni au côté de la Russie ni au côté du bloc européen. Nos relations avec tout le monde sont intactes, que cela soit avec les Américains ou la Chine, avec la Russie ou l’Union Européenne, elles ne souffrent d’aucune altération.
Nous n’entretenons de conflits avec aucune partie, en dehors de celui marocain, dans lequel l’Algérie n’a aucun lien direct. Aujourd’hui, l’Algérie est en train de retrouver son aura et ses marques au niveau continental et mondial. Elle a un rôle à jouer, c’est une force. Maintenant, quant à ce qui en sortira du Sommet Arabe, cela ne peut qu’appuyer sur la balance de ce que nous pesons, c’est une référence. L’Algérie est fidèle à ses principes et jalouse de sa neutralité.

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