Oran Aujourd'hui

La régression fatale

Depuis cinquante ans, en l’absence de véritable stratégie de maintenance et de rénovation du vieux bâti oranais, tous les anciens quartiers historiques comme Sid El Houari, St Antoine, El Derb, abandonnés à leur sort depuis l’indépendance, sont aujourd’hui condamnés à des démolitions devenues incontournables. Avec les fortes chutes de pluie enregistrées chaque année, de nombreuses familles se retrouvent victimes des effondrements partiels dans les immeubles occupés. Et depuis déjà quatre décennies, la plupart des décideurs locaux de passage lancent ou annoncent des opérations inscrites au registre de la réhabilitation du vieux bâti, mais qui ne servent en réalité que d’arbres cachant la forêt des drames et des angoisses vécues par des centaines de famille en danger.
Aujourd’hui encore, malgré l’ambitieux programme annoncé de recensement et de restauration de quelques centaines d’immeubles, les lenteurs et les retards accentuent les échecs et aggravent le déficit. Chaque année, on enregistre quelques décès tragiques de personnes ensevelies sous les décombres d’une bâtisse effondrée. Et les blessures graves ou légères occasionnées par la chute d’un plafond ou d’un mur relèvent du fait divers banal rapporté par la presse locale. Aujourd’hui, tous les observateurs dénoncent les politiques locales de prise en charge du patrimoine urbain qui ne reposent au final que sur les deux volets du Relogement et de la Démolition du vieux bâti évacué.
Un peu partout à travers les quartiers, à Derb, Sidi El Houari, au Plateau St Michel, à St Eugène El Hamri , nombre de résidents sollicitent, sans pour autant y croire, la restauration de leur habitation et s’opposent comme ils peuvent à la formule de la démolition après relogement. De plus en plus d’observateurs avertis dénoncent aujourd’hui le concept même de «vieux bâti» qui, selon eux, n’a servi que d’alibi pour couvrir le laxisme, l’incompétence et surtout la prédation installée en règle de gestion par le vieux système aux commandes. Le triste et piteux état du cadre urbain clochardisé à travers le centre ville et les quartiers ne semble nullement déranger les acteurs-gestionnaires concernés. La régression fatale semble hélas bien installée, ancrée dans les entrailles de la Cité prise en otage par le règne de l’incompétence et de la médiocrité.
Par S.Benali

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