La menace des cyberattaques doit être prise au sérieux par l’Algérie pour faire face aux risques récurrents de piratage et les menaces de la cyberguerre. La généralisation du numérique dans le pays nécessite de mettre à l’abri les données sensibles contre les actions des hackers, qui agissent à titre individuel ou pour le compte d’un État hostile, ainsi qu’une sécurisation accrue des connexions internet et des systèmes d’information.
Pour atteindre cet objectif, il est impératif pour l’Algérie de se doter des moyens qui lui permettent de protéger contre toute forme de cyberattaques et cyberguerres. Interrogé sur la menace qui vise l’Algérie via la connexion internet, l’expert international en cyber sécurité, Mehdi Gaouar, a affirmé, hier, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, que l’acquisition des moyens de protection permet de réussir la transition numérique du pays. «L’Algérie doit se doter de moyens pour assurer sa transition numérique en mesure d’arrimer son économie à l’économie mondiale», a-t-il déclaré lors de son passage à l’émission «Invité de la Rédaction».
Il a indiqué que la menace du cyberespace et des données sont devenues une question de souveraineté nationale. M. Gaouar a affirmé qu’il existe plusieurs formes de cybercriminalité tel que le vol et la revente de données avec demande de rançons, la mise hors service des systèmes d’information, le harcèlement et menaces sur la vie privée des individus. Il a affirmé que les cybercriminels, qui sont aujourd’hui de plus en plus compétents, exploitent massivement les vulnérabilités, soulignant que les attaques sont aujourd’hui sophistiquées.
Pour se protéger contre cette menace multiformes, M. Gaouar préconise de mettre en place une autorité dont le rôle et d’informer sur les menaces, assurer la prévention au niveau des entreprises et au profit du citoyen, définir des standards auxquels doivent obéir les opérateurs vitaux comme les organismes qui distribuent l’eau et l’électricité. L’expert a indiqué que cette autorité, qui existe en Algérie en 2020, peut éditer des guides au profit des citoyens et des entreprises sur les menaces qui pullulent sur le cyberespace.
S’agissant des types de menaces, l’invité de la chaîne III , a cité l’apparition de virus (200 par jour), menaces sur la base de vulnérabilités, des menaces dues aux tensions géopolitiques, affirmant qu’«aujourd’hui, nous sommes dans une situation de menaces accrues». Évoquant la cyberguerre, M. Gaouar que c’est une menace bien réelle qui existe aujourd’hui et qui se caractérise par notamment l’espionnage, le sabotage et déstabilisation. «Aujourd’hui, la guerre se transpose dans le cyberespace qui est utilisé comme lieu de conflit dans lequel se créent des actions d’espionnage entre les États comme le sabotage ou la manipulation des populations via les réseaux sociaux». L’expert a affirmé que la protection contre les cyberattaques nécessite aussi la sensibilisation qui doit concerner l’utilisateur final de l’outil numérique «auquel on doit enseigner les principes de bases de protection».
Il a plaidé également à assurer une formation de sensibilisation de manière continue et récurrente au niveau des entreprises. Par ailleurs, M. Gaouar a détaillé les exigences d’une transition numérique réussie. Il a ainsi soutenu que la transition numérique nécessite le développement d’un écosystème économique et numérique de plus en plus dynamique. «Elle nécessite également, en sus d’une infrastructure adéquate, des compétences humaines qualifiées», a-t-il affirmé.
Samir Hamiche