La tendance haussière des prix du pétrole se poursuit où le Brent a atteint hier 85,49 dollars le baril, enregistrant une légère hausse par rapport à la séance de vendredi dernier.
Avant-hier, les cours de l’or noir ont enregistré leur septième séance de hausse consécutive, tirés par des nouvelles d’une résurgence de la demande chinoise et sont proches désormais d’importants seuils symboliques. Ainsi, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, s’est élevé de 1,48%, pour clôturer vendredi à 85,28 dollars. Le prix du baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en février, a lui pris 1,87%, à 79,86 dollars. Le WTI a frôlé, en séance, les 80 dollars, un seuil psychologique qu’il n’a plus franchi depuis 10 jours.
Il y a encore peu de temps « beaucoup de traders avaient des doutes sur la réouverture de l’économie chinoise, à cause de la flambée des cas de Covid-19. Mais il semble que l’on ait redémarré », a expliqué Phil Flynn, de Price Futures Group. « Et on voit de plus en plus de signaux qui montrent que la Chine essaye de sécuriser ses approvisionnements en énergie et qu’on a franchi un palier », a-t-il ajouté. Selon un consensus établi par l’agence Bloomberg auprès de consultants spécialisés dans le marché chinois, la demande quotidienne de pétrole en Chine pourrait atteindre 16 millions de barils par jour cette année, ce qui serait un record. En outre, « les opérateurs commencent à intégrer aussi une demande un peu plus étoffée en Europe, pas seulement en Chine », a relevé, dans une note, Edward Moya, d’Oanda. Par ailleurs, la température devrait chuter sensiblement dans les jours à venir dans plusieurs pays d’Europe, après une longue période de douceur anormale pour la saison, ce qui pourrait relancer les besoins en énergie du Vieux continent.
En sus, la montée en puissance du scénario d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine cette année et d’un arrêt prochain de la hausse des taux ont redonné de la vigueur aux matières premières en général, notamment à l’or noir. Après avoir longtemps inquiété, le marché intérieur américain donne également des signes de fermeté. Le prix moyen de l’essence à la pompe a repris sa hausse après des mois de contraction et vendredi, le prix de gros du carburant aux États-Unis est monté à son plus haut niveau depuis deux mois.
Un nombre croissant d’analystes et opérateurs annoncent un Brent au-delà des 100 dollars le baril d’ici la fin de l’année. Jusqu’ici, ils étaient néanmoins globalement plus réticents à voir les cours aller beaucoup plus loin que leur niveau actuel à court terme. « On est en train de prendre de l’élan », estime, pour sa part, Phil Flynn, pour qui les prix sont « sur une bonne trajectoire », prêts à aller plus haut dans les jours à venir. Le WTI et le Brent n’ont plus franchi respectivement les seuils de 85 et 90 dollars depuis près de deux mois.
Il convient de signaler que le président de la COP28, patron d’un géant pétrolier du Golfe, a appelé, hier, à « se focaliser » sur la réduction des émissions de CO2 sans s’en prendre au « progrès », c’est-à-dire l’industrie des énergies, qualifiant la lutte contre le changement climatique de « centrale ». Sultan al-Jaber, PDG d’ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company), la compagnie pétrolière nationale des Emirats arabes unis, a été désigné jeudi président de la conférence de l’ONU sur le climat prévue cette année dans le riche Etat du Golfe, suscitant de vives critiques parmi les défenseurs de l’environnement. « Nous sommes à un tournant historique. Une croissance avec de moindre émission de CO2 est l’avenir », a déclaré Sultan al-Jaber, également ministre de l’Industrie de son pays. « Nous travaillons avec l’industrie énergétique pour accélérer la décarbonisation en réduisant le méthane et en développant l’hydrogène », a-t-il ajouté lors d’un forum sur l’énergie à Abou Dhabi, la capitale des Emirats. « Continuons à nous concentrer sur le fait de freiner les émissions, pas le progrès ».
Mohand S