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Révélations sur la corruption marocaine au Parlement européen : ce n’est que la partie émergée de l’iceberg

Il sera désormais difficile pour Rabat de trouver des « amis » après le retentissant scandale. Même les « amis » qu’il compte dans les autres institutions de l’Union européenne n’oseront pas s’afficher, à moins que le Makhzen les y oblige, car il détient des dossiers sur eux grâce au logiciel d’espionnage Pégasus.

Le scandale de la corruption au Parlement européen dont le Maroc est un acteur déterminant, en ce sens qu’il en est le corrupteur, n’en finit pas d’être commenté à l’échelle européenne et dans le monde. Le dernier commentaire en date émane du Front Polisario, dont le représentant en France a révélé que le «Marocgate», est loin d’avoir épuisé toutes ses révélations. Ce qui est déjà sorti n’est en réalité que «la partie émergée de l’iceberg». Mohamed Sidati explique son affirmation par le fait qu’«il y a plusieurs eurodéputés et je dirai même d’autres institutions européennes qui sont impliqués dans ces réseaux de corruption». Le propos de M. Sidati est tout à fait vraisemblable. Et pour cause, les enquêteurs qui planchent sur le dossier affichent la certitude que le Parlement européen n’est pas la seule institution infiltrée par les agents corrupteurs marocains. C’est tout le mécanisme du Parlement européen qui est impliqué, d’où la nécessité pour cette institution européenne de faire son mea culpa et reprendre sa position de soutien au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Des responsables assez bien placés dans la Commission européenne et au niveau du Conseil de l’Europe pourraient être confondus dans les jours ou semaines à venir, pensent de nombreux observateurs. On souligne même que les réseaux marocains qui ont lourdement usé du logiciel israélien Pegasus, ont des ramifications insoupçonnables. Les investigations de la police belge conduisent souvent à des impasses. De l’avis des spécialistes, lorsqu’on tombe sur des voies sans issues, c’est le signe que de très gros poissons sont cachés derrière des murs infranchissables. De là à dire que l’enquête est susceptible de s’arrêter au menu fretin est déjà envisagée par les observateurs, arguant qu’un très gros scandale nuirait à l’existence même de l’Union européenne. En tout cas, les propos de Josep Borrell au Maroc quant à la tolérance zéro devant des faits de corruption peuvent eux aussi se retrouver devant une impasse.
Le royaume marocain est une très sérieuse bombe à retardement qui pourrait, le cas échéant, faire exploser la démocratie dans les pays européens. Les responsables européens à l’image de Borell et des autres craignent par-dessus tout une désaffection de l’électorat et une levée de bouclier des mouvements extrémistes qui commencent déjà à fleurir dans de nombreux pays. Le scandale du Marocgate est de nature à fortement accélérer le processus.
Mais là où les chose peuvent s’améliorer, c’est précisément dans l’objet de cette corruption à large échelle. En effet, la recherche du statu quo concernant la question du Sahara occidental au sein du Parlement européen a toutes les chances de voler en éclat. Il a été ,en effet, établi que tous les députés pro-Maroc sur cette question précisément sont des corrompus. Ces eurodéputés ont touché de l’argent en contrepartie d’un alignement sur ses thèses au Sahara occidental.
Il sera désormais difficile pour Rabat de trouver des « amis » après le retentissant scandale. Même les « amis » qu’il compte dans les autres institutions de l’Union européenne n’oseront pas s’afficher, à moins que le Makhzen les y oblige, car il détient des dossiers sur eux grâce au logiciel d’espionnage Pégasus. Il faut dire que quelle que soit l’issue de cette grave affaire, ni le Maroc ni l’UE n’en sortiront indemnes. L’opinion publique européenne ne restera muette longtemps devant ce déni démocratique.
Yahia Bourit

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