Le niveau de prix du brut inquiète certes la planète, mais ne semble pas pousser les pays de l’Otan à la réflexion. Ainsi, au lieu de favoriser une option de désescalade, le sommet de l’Otan entend certainement compliquer la donne géopolitique.
Le baril de pétrole de Brent, référence de l’or noir en Europe, est repassé au-dessus de la barre des 120 dollars, galvanisé par la guerre en Ukraine et la perspective de nouvelles sanctions occidentales contre la Russie. Vers 13H40 GMT (14H40 à Alger), le Brent de la mer du Nord grimpait de 4,55% à 120,73 dollars le baril, et le WTI américain gagnait 4,52% à 114,21 dollars le baril. Le Brent avait dévissé ces derniers jours de son pic atteint pendant la crise en Ukraine, évoluant même brièvement sous les 100 dollars il y a une semaine. Mais la réunion de l’Otan en Pologne et la perspective de donner un coup d’arrêt aux importations d’hydrocarbures russes a remis l’or noir une nouvelle fois sur une pente ascendante. La tendance haussière, du reste, prévue par les experts des places boursière était d’autant plus évidente que si les occidentaux décident d’un embargo sur les hydrocarbures russes, le marché s’effondrera et entraînera les prix vers un terrain inconnu, a déclaré, hier, Alexandre Novak, vice-Premier ministre russe chargé de l’Energie. «Il est absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s’effondreront. La hausse des prix des ressources énergétiques peut être imprévisible», a déclaré M. Novak devant la Douma, chambre basse du parlement. Une perspective réaliste que Moscou agite au visage de l’Europe insinuant que le Vieux continent sera le plus grand perdant au change. «Dans l’UE, où il y a (…) une hausse des prix et une pénurie de ressources énergétiques, sous la pression des Etats-Unis, ils ont refusé de mettre en service le gazoduc Nord Stream 2 déjà construit, au détriment des consommateurs européens», a poursuivi le vice-Premier ministre russe qui a qualifié le blocage de ce tube d’absurde. «Les prix des produits pétroliers, par exemple en Allemagne, ont augmenté jusqu’à 40%. Le prix du gaz par moments a atteint jusqu’à 4.000 dollars par millier de mètres cubes. Et ce n’est pas la fin», a-t-il averti.
Il a ajouté qu’actuellement, le volume de gaz dans les installations de stockage en Europe est de 26%, contre plus de 30% l’année dernière. Depuis l’automne 2021, les prix du gaz ont flambé en Europe, beaucoup accusant Moscou d’entretenir sciemment une pénurie afin de faire pression pour la mise en service du gazoduc controversé Nord Stream 2, suspendu par l’Allemagne après le début du conflit en Ukraine..
Le niveau de prix du brut inquiète certes la planète, mais ne semble pas pousser les pays de l’Otan à la réflexion. Ainsi, au lieu de favoriser une option de désescalade, le sommet de l’Otan entend certainement compliquer la donne géopolitique, puisqu’il appellera aujourd’hui la Chine à s’abstenir de soutenir l’effort de guerre de la Russie contre l’Ukraine. C’est ce qu’a indiqué, hier, le chef de l’Alliance atlantique Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse. Le chef de l’Otan a également accusé Pékin de fournir «un soutien politique à Moscou, y compris en répandant des mensonges éhontés et de la désinformation». A deux doigts d’une guerre mondiale à laquelle pousse l’Otan, les prix du pétrole n’auront peut être aucun sens.
Nadera Belkacemi