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Un universitaire marocain dresse un tableau sans complaisance:
Le Maroc va droit dans le mur

Le constat est on ne peut plus proche d’une rupture violente entre l’Etat et la société. M.Chahir voit déjà que «les indicateurs socio-économiques du royaume sont dans le rouge et où les manifestations se multiplient pour protester contre la cherté de la vie et l’injustice sociale».

La monarchie alaouite au Maroc est vulnérable. Ne pouvant répondre de manière claire aux désirs d’émancipation du peuple, elle bâillonne les libertés et judiciarise les rapports qu’elle a avec la société. Rabat va donc droit dans le mur et la répression que sa police exerce sur les enseignants, les commerçants, les transporteurs annonce un face à face tragique avec les sujets du roi qui ne peuvent plus devant le lâchage dont ils font l’objet par le Palais royale depuis l’avènement de la pandémie jusqu’à ce jour. Ce constat terrible, mais néanmoins réaliste a été établi par Aziz Chahir, enseignant universitaire et chercheur marocain. Dans un article d’opinion paru, hier, sur le site MiddleEstEye, M.Chahir relève qu’ «au Maroc, les libertés sont de plus en plus réprimées et la monarchie de plus en plus vulnérable». «Le bâillonnement systématique», estime l’universitaire, des libertés et les derniers jugements prononcés contre les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes critiques ainsi que les intellectuels engagés «confirment la dérive autoritaire» du régime de Mohammed VI.
L’universitaire constate dans son écrit «une dérive dangereuse susceptible de conduire à une implosion sociale».
Le constat est on ne peut plus proche d’une rupture violente entre l’Etat et la société et M.Chahir voit déjà que «les indicateurs socio-économiques du royaume sont dans le rouge et où les manifestations se multiplient pour protester contre la cherté de la vie et l’injustice sociale». Il convoque un passé très récent, à savoir février dernier pour noter, l’ampleur des manifestations qui ont éclaté à Rabat et dans d’autres villes contre la hausse des prix des produits de première nécessité, les inégalités sociales «grandissantes» et la corruption. Plus près de nous, fin février, les transporteurs routiers ont mené une grève de plusieurs jours pour protester contre la hausse des prix du carburant. Autant d’indices qui annoncent une proche explosion sociale, à plus forte raison, lorsque les enseignants s’en mêlent.
Un corps très revendicatif et bien structuré au plan syndical. Pas moins de 40 d’entre eux ont été condamnés à deux mois de prison avec sursis pour avoir réclamé de meilleures conditions socio-professionnelles. Un autre pas vers un affrontement visiblement imparable.
Au plan des droits de l’homme, l’universitaire fait remarquer la condamnation du journaliste Omar Radi à six ans de prison ferme. Il s’agit du deuxième journaliste indépendant marocain condamné en une semaine à une lourde peine de prison pour des accusations à connotation sexuelle : un autre journaliste, Imad Stitou, 32 ans, a lui été condamné à un an de prison, dont six mois fermes, dans la même affaire de «viol», comme en première instance, précise le docteur en sciences politiques dans son article. En janvier, l’Association marocaine des droits humains (AMDH) a recensé 170 cas de poursuites judiciaires ou d’incarcérations visant des journalistes, blogueurs et militants de mouvements sociaux l’an dernier.
D’après Aziz Chahir, auteur de «Qui gouverne le Maroc : étude sociologique», «les autorités continuent de dénigrer les rapports attestant de la détérioration des droits de l’homme dans le royaume, à l’instar de la dernière publication de Human Rights Watch dénonçant notamment les poursuites judiciaires des opposants inspirées par des motifs politiques».
«Le pouvoir tente par tous les moyens de réduire au silence les détracteurs les plus récalcitrants : intimidation, persécution, lynchage médiatique, amendes, détentions arbitraires et condamnations», dénonce-t-il, ajoutant qu’ «au début des années 2000, le régime a tout fait ou presque pour museler une presse dite indépendante, dont la plupart des pionniers ont été poussés à l’exil après l’interdiction de leurs publications, souvent à la suite de condamnations abusives».
L’universitaire regrettera dans son écrit que «vingt ans plus tard, la justice n’arrive toujours pas à marquer son indépendance vis-à-vis du pouvoir, en statuant dans des affaires à charge souvent fomentées par les services de renseignement».
Aziz Chahir dresse un tableau sans complaisance d’une autocratie corrompue qui mène le Maroc à et les Marocains à leur perte.
Yahia Bourit

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