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Le pétrole est toujours notre sauveur

Les cours du pétrole sont en baisse ces derniers jours, mais pas à un niveau qui justifierait la sonnette d’alarme. L’Algérie est garantie de faire un excédent commercial conséquent, renforcer ses réserves de changes et alimenter son fonds de régulation des recettes, ainsi que le fonds de soutien à la retraite. Il faut savoir que tous ces postes, doivent leur bonne santé à la conjoncture pétrolière favorable. Et elle l’est toujours, malgré la pente descendante des prix de l’or noir qui, faut-il le souligner, se maintient à un niveau supérieur à celui de l’année dernière à la même période. De fait les annonces sociales du président de la République seront tenues et les Algériens sont assurés d’une année plutôt tranquille, à contrario des prévisions pas trop optimistes de la Banque mondiale.
Il est certes vrai que l’Algérie doit cette embellie-surprise à la guerre en Ukraine et aux pressions géopolitiques qui en résultent, mais cela n’empêche pas le fait que les Algériens retrouvent le sourire à la vue des prix en hausse des hydrocarbures. Il y a certes quelques petites frictions au sein des sociétés. Certains s’estiment lésés et accusent le gouvernement de mal redistribuer l’argent du pétrole. Ils en veulent pour preuve, toutes ses voitures rutilantes et ses villas luxueuses qui poussent comme des champignons. D’autres pestent contre le gouvernement tout simplement parce qu’ils ne sont pas parvenus à s’acheter un climatiseur pour se prémunir des chaleurs caniculaires de ces derniers jours. D’autres encore sont en colère à l’idée de devoir limiter leurs voyages de vacances à une dizaine de jours seulement. Mais tous admettent payer l’électricité, l’essence, l’eau, la semoule dix fois moins chère qu’ailleurs et admettent avoir bénéficié d’un appartement quasi-gratuitement pour certains. L’un dans l’autre et la perspective d’une année 2023 supportable, les Algériens affichent beaucoup de sérénité.
L’on comprend donc aisément qu’un baril autour des 100 dollars permet aux Algériens de consommer notre semoule et notre lait aux mêmes prix quoi qu’il arrive au plan international… Bref, le pétrole au niveau où il se négocie ces derniers jours, nous offre l’occasion de continuer à nous critiquer les uns les autres, à nous poser des questions sur la justice sociale, tout en poursuivant dans notre entêtement à ne pas voir les choses en face, telles qu’elles sont : nous ne devons pas cette aisance à notre travail, mais à la rente. Nous consommons un produit périssable. Un beau jour, il n’en restera plus. La solution seraitelle dans une nième dégringolade des cours ? Personne n’ose se poser la question, car pareille perspectives ferait vaciller tout l’édifice social pour la simple raison que tout ce que nous avons acquis est le fait quasi exclusif de la rente.
Par Abdelmadjid Blidi

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