EDITO

Le souffle de la puissance

La cause sahraouie aligne les victoires diplomatiques face à un régime colonialiste aux abois. Après l’arrêt de la CUEJ interdisant à l’Union européenne d’importer des marchandises du Sahara occidental, la 4e commission de l’Onu, chargée des questions de décolonisation, enfonce le Maroc et le met face à une réalité qu’il s’est toujours refusé à voir. Les louvoiements de ses alliés n’arrangent pas les choses, en ce sens qu’en dehors d’une reconnaissance verbale et sans fondement juridique, ils ne peuvent rien faire pour aider leur ami le roi. Lequel est apparu très malade lors de son dernier discours et pousse l’opinion marocaine à se demander qui gouverne son pays. Les mouvements sociaux, loin d’être des épisodes isolés, témoignent d’une volonté de refonte du système politique et d’une exigence de responsabilité de la part des élites.

A cela s’ajoute la fronde populaire qui refuse le fait accompli de la normalisation avec Israël. D’autant qu’au bout de cette malheureuse opération, il y a un projet de « marocaniser » d’office des Israéliens qui se croient déjà tout permis au royaume. Cette descente aux enfers du Maroc tire le Maghreb vers le bas. C’est indéniable. L’absence de toute cohésion politique dans la région la fragilise considérablement face à une Europe prédatrice et à un Sahel déstabilisé. Pourtant, la région est riche et les économies des pays qui la composent peuvent être complémentaires et tenir tête à l’UE.

Cette fragilité apparente met le Maghreb dans une sorte de cul de sac, aggravé par le caractère irréversible de la démarche marocaine, oblige les Etats de la région à chercher un issue politique et économique. Celle-ci, à l’initiative de l’Algérie, a été mise en place et les dirigeants de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye. Les présidents de ces trois pays s’apprêtent à se rencontrer bientôt en Libye. Cette option est stratégique pour donner une réelle chance d’émergence au Maghreb. Il est, à ce propos, clair, que sans une alliance inter-maghrébine solide et pérenne, rien de bien sérieux ne peut sortir de la région.

L’attitude scandaleuse du Maroc est quelque part une chance pour la région, en ce sens que sortie de la donne maghrébine, le royaume de Mohamed 6 fait plus de bien que de mal au Maghreb. L’association de la Mauritanie et du Sahara occidental à la nouvelle démarche d’un nouveau Maghreb uni. Et pour cause, cela voudra dire que le facteur limitant, qui est le Maroc et son entêtement à coloniser des territoires qui ne lui appartiennent pas, disparaîtra de l’espace de concertation entre les pays de la région.

Les développements géopolitiques, mettant l’Algérie au cœur d’un processus régional majeur en raison de ses richesses, de son positionnement géostratégique et de son influence certaine en Méditerranée, apportera le souffle dont le Maghreb a besoin pour qu’il retrouve la puissance qui était la sienne au 16e siècle…

Par Nabil.G

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