EDITO

Quel tourisme pour l’Algérie ?

Le Ramadhan et l’Aïd El Fitr derrière nous, les Algériens préparent l’Aïd El Adha et sa grosse dépense de l’année. Dans quelques jours, les informations les plus invraisemblables vont circuler sur les prix du bétail. Les éleveurs vont commencer à se plaindre des coûts de production. Ils feront peur aux Algériens, mais au final, comme chaque année, on enregistre au lendemain de l’Aid El Adha, un chiffre de moutons sacrifiés à peu près de même importance que les années précédentes. On se posera la question sur le pouvoir d’achat effectif des Algériens.
Mais ça ne sera pas la seule grosse dépense des prochains mois. En effet, parallèlement au plus important événement religieux, puisqu’il intervient dans la foulée du Hadj qui reprend après deux ans de suspension, les Algériens préparent aussi les vacances. Ils en ont été sevrés en raison de la Covid-19, en 2020 et 2021. Même si l’on s’attend qu’une bonne partie des ménages opteront pour les visites familiales, comme au bon vieux temps, ou simplement quelques journées en plage pour cause de budget serré, on peut aussi avancer sans trop de risque de se tromper que les trois millions de vacanciers qui opteront pour des séjours à l’étranger, dont deux bons millions en Tunisie, figureront à n’en pas douter dans les statistiques des services des Douanes et de la police des frontières.
Au moment où le ministère du Tourisme se démène pour donner un plan de charges aux infrastructures touristiques nationales, on est encore très loin de renverser le flux de vacanciers. Et pour cause, toutes les saisons estivales avant-pandémie ont permis aux citoyens algériens d’apprendre qu’avec un budget moindre, on peut s’offrir des séjours de bien meilleure qualité en Tunisie, en Turquie et peut-être même plus loin encore. De fait, la «crème» des touristes algériens ont, depuis des lustres, résolu l’équation du tourisme national, à savoir qu’un bon touriste algérien disposant d’un pouvoir d’achat s’exporte. Il préfère donner son argent à des professionnels qui connaissent leur métier et savent répondre aux exigences de leur client avec un rapport qualité/prix acceptable.
C’est dire qu’au train où vont les choses, la destination Algérie sera encore une fois sérieusement concurrencée par la Tunisie, la Turquie et autres régions spécifiquement touristiques. En l’absence d’une sérieuse promotion du produit touristique national et à l’impréparation générale qui participe de l’amateurisme des responsable du secteur en Algérie, on voit mal comment nos destinations, malgré la beauté des sites, pourraient rivaliser avec le dynamisme et le professionnalisme de l’industrie touristique qui nous vient des pays émergents.
Par Nabil.G

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