Le squat permanent des bâtisses non démolies
Constat: A ce jour, une grande majorité d’Oranais continuent d’appeler un quartier du centre ville par son ancien nom , «Saint Pierre» au lieu de «Yaghmoracen », la nouvelle appellation donnée au site après l’indépendance.
Ce quartier était autrefois dédié par l’occupant français à loger les petits fonctionnaires, commerçants et autres modestes familles de colons français et espagnols incités à venir s’installer à Oran, une ville qualifiée à l’époque d’être la «plus occidentale des villes européennes…».
Juste après l’indépendance, le quartier a été légitimement occupé par les familles algériennes en quête d’un logement décent.
Mais cet ensemble d’habitat, relevant jadis d’un service administratif dit des «Biens vacants» allait subir les affres d’un certain abandon des missions d’entretien des immeubles et d’embellissement permanent du cadre bâti.
Un peu à l’image des nombreux immeubles en voie de délabrement qui allaient être inscrits au triste registre du «vieux bâti» à risque d’effondrement.
Malgré les interventions des pouvoirs publics qui redoublaient d’efforts pour éradiquer le fléau par des opérations de consolidation et de réhabilitation des vieux immeubles, le nombre de bâtisses en ruine devant être démolies ne cessait d’augmenter à travers les vieux quartiers et même au centre ville, notamment au quartier «St Pierre» où les bâtisses en ruine désaffectées et en attente de démolition sont systématiquement occupées par des familles en quête de logement neuf ou par des énergumènes au profil mafieux qui n’hésitent pas à vendre ou à louer des espaces dans le vieux bâti en ruine.
Une pratique connue qui permet aux occupants d’être éventuellement inscrits dans une liste de «candidats au relogement».
Malgré les opérations d’expulsion souvent engagées par les autorités contre des squatteurs d’immeubles désaffectés, des bâtisses non démolies au quartier «St pierre», pour diverses raisons techniques ou administratives, sont de nouveau occupées par les «squatteurs professionnels», souvent des marginaux ou des délinquants notoires.
Selon de nombreux témoignages d’anciens habitants du quartier, depuis ces trente dernières années plusieurs immeubles déclarés en ruine ont été évacués et leurs occupants relogés, mais à chaque fois, disent-ils, «le compteur est remis à zéro» car de nouvelles familles viennent s’installer dans les mêmes bâtisses après avoir démoli les fermetures en béton érigées par la commune pour bloquer les accès de la bâtisse.
Beaucoup, parmi les nouveaux squatteurs, prétendent avoir acheté les habitations précaires qu’ils occupent, quitte à «mettre leur vie et celle de leurs familles en danger».
Un argument devenu précieux pour les candidats au squat des vieilles bâtisses pouvant être inscrits dans une opération de relogement.
Jusqu’à quand?
Par S.Benali