Oran Aujourd'hui

Entretien du cadre urbain: la débâcle organisée

Installé dans l’un des locaux de la bâtisse hideuse dédiée à « l’ emploi des jeunes» un «vendeur d’eau douce» semble être le seul à souhaiter des pénuries et des coupures d’eau potable dans le quartier. Sur la façade de ce bâtiment, construit à la cité HLM/OSTO pour répondre au vieux slogan des «100 locaux par communes» on peut «admirer» les pancartes hideuses d’un «bureau d’affaire», d’une coiffeuse, d’un marchand de karantika, côtoyant un soudeur-ferronnier, un opticien, et même une gargote avec des tables occupant le trottoir. Aux second et troisième étages de la bâtisse, peu accessibles à des clients de passage, les locaux ont depuis longtemps été vendus illicitement ou loués à de jeunes squatteurs qui utilisent l’endroit comme dortoir , soirées «Kécha» arrosées, ou point de rencontre entre de bandes de «copains de quartiers» ou autres profils méconnus. Souvent, des résidents de la cité se plaignent auprès de l’Imam de la mosquée l’invitant à surmonter ces jeunes qui, selon eux, s’adonnent à la consommation de kif et de psychotropes.
Aux antipodes des discours et du contenu des «cahiers de charge» établi jadis pour l’attribution de ces locaux dits commerciaux, rien ici n’indique une quelconque affectation pour l’essor des activités artisanales et la promotion de l’emploi des jeunes. Au contraire, à l’exception de deux ou trois commerces respectant les normes élémentaires du vivre ensemble et du respect de l’esthétique urbaine, la bâtisse dans son ensemble, offre une image de «ruralité» bien éloignée du progrès et de la modernité tant espérée. «On pensait à l’époque que ces locaux allaient être attribués aux jeunes chômeurs de la cité, explique un résident, mais en réalité ils ont été affectés moyennant argent par un ancien responsable de l’ansej, plus tard arrêté et incarcéré pour corruption». Un exemple, parmi tant d’autres, qui illustre la perversion et la débâcle organisée par l’ancien système de gestion des affaires locales. Une débâcle encore visible à ce jour à travers certaines images urbaines illustrant les échecs, les improvisations et le gaspillage d’argent public dans de présumées opérations d’aménagement et d’entretien du cadre urbain qui n’ont servi strictement à rien.
A l’image de cette bâtisse dite de «l’emploi des jeunes», de ce présumé espace vert clôturé au rond-point des trois cliniques, de ce boulodrome déserté, accolé au mur de la mosquée, de ces piliers en brique rouge encore debout, vestiges d’une vieille clôture réalisée on ne sait pourquoi autour de la cité, ou de ces vieux poteaux électriques toujours en place à moins d’un mètre des candélabres plus récents implantés il y a une dizaine d’années. Les exemples d’inepties et d’anomalies, reflets de la prébende et des tricheries, seraient bien nombreux à énumérer. Ainsi va Oran.
Par S.Benali

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