Le symbole d’un paradoxal destin
L’assiette foncière qui sera récupérée après démolition des préfabriqués de la cité dite «Batimat Taliane», avait fait l’objet d’une étude d’aménagement en parc urbain, incluant un espace dédié aux artistes et musiciens désirant animer des concerts. Ce plan d’aménagement du site a été , on s’en souvient, présenté une première fois à l’ancien wali Mouloud Chérifi. A l’époque, plusieurs propositions étaient avancées par différents acteurs des secteurs de la jeunesse et de la culture afin d’enrichir le schéma d’aménagement de cette grande assiette foncière très convoitée par les prédateurs du vieux système de gouvernance déchu. On a ainsi entendu dire que la vieille porte du «Caravansérail», détruite par le temps et l’abandon au niveau de la promenade Ibn Badis, ex-Létang, retrouvera une nouvelle vie au niveau de ce futur parc. Encore faut-il qu’elle soit restaurée, si toutefois elle le mérite. Car selon un historien oranais de renom, cette porte du Caravansérail, est celle d’un édifice de style mauresque construit en 1843 par les militaires sur l’ancien boulevard du 2ème Zouave, l’actuel boulevard Hamou Boutlélis, qui servait de base d’hébergement et de restauration aux caravaniers et marchands venant vendre en ville les grains, viandes et denrées diverses. Le caravansérail a été transformé en hôpital en 1883, avant d’être ravagé plus tard par un incendie. Seule la porte principale en forme de voûte a été épargnée et fut déplacée en 1955, pierre par pierre, pour être édifiée à la Promenade de Létang, aujourd’hui appelé Ibn Badis. Avec le temps, la porte du caravansérail qui décorait une allée du merveilleux espace vert dominant le port d’Oran, allait peu à peu tomber en ruine, s’effriter et voir une bonne partie de ses pierres de taille disparaître. Et curieusement, la porte du caravansérail allait se forger une certaine «dimension historique» dans la mémoire oranaise qui ne la rattache même plus à son bâtiment d’origine. Au point que bon nombre d’acteurs se trompent et la considèrent à tort comme étant l’une des anciennes portes d’accès à la ville d’Oran et qui doit à tout prix être «restaurée». En 1997, puis en 2006, et encore en 2014, et plus récemment en 2017, des projets de réhabilitation de la porte du Caravansérail ont été annoncés, mais sont restés dans les tiroirs des pouvoirs publics sans doute dépassés par d’autres urgences et d’autres priorités. Pour de sages anciens oranais, la porte du caravansérail est bien le symbole d’un paradoxal destin de tous ces espaces urbains oranais meurtris par les retards, les échecs et la culture des apparences.
Par S.Benali