Région

Miliana:
Le tourisme culturel en butte au manque d’infrastructures d’accueil

Le tourisme culturel constitue «sans conteste» un vecteur d’attractivité de la ville de Miliana et de son développement économique, dont le manque d’infrastructures d’accueil ne lui permet pas de jouer pleinement le rôle qui lui est dévolu, affirment des intellectuels de la ville.

Avec son musée, ses monuments historiques, son jardin d’exception, ses festivals et bien d’autres sites originaux, on ne peut qu’affirmer que l’offre culturelle et patrimoniale représente, incontestablement, l’un des principaux atouts touristiques de la ville de Miliana, hélas inexploités de manière optimale à cause du manque d’infrastructures d’accueil», regrette l’ex-directeur du musée «Emir Abdelkader» de cette ville, Abbas Kébir Benyoucef.
Formant avec la culture «deux thématiques complémentaires», le tourisme constitue la première voie d’accès à la culture d’une région donnée, générant un engouement pour cette dernière, soutient cet archéologue de 65 ans actuellement à la retraite. «Si les professionnels du tourisme exploitent la richesse culturelle d’une destination pour la rendre plus attractive et générer des retombées économiques (en termes d’emplois et de recettes économique), la fréquentation touristique participe, également, à la survie des sites culturels, du reste les principales motivations de séjour pour les touristes, d’où la nécessité de mettre en place les structures à même de prendre en charge le flux des visiteurs», a-t-il recommandé.

Structures hôtelières, un manque criard

Observant que 17 hôtels étaient dénombrés à Miliana pendant la période coloniale, il a noté que ce nombre a commencé à décroître de manière «vertigineuse» au lendemain de l’indépendance, si bien qu’il n’en reste qu’un à l’heure actuelle. «Le fait qu’il y ait eu 17 hôtels à Miliana durant la période coloniale atteste de manière indéniable que cette ville a, de tout temps, constitué le point de mire des visiteurs», a-t-il observé, signalant que lors de la visite qu’il avait effectué en 1863 à la ville, l’écrivain Alphonse Daudet avait «élu domicile» à l’Hôtel de la Poste. S’attardant sur le seul hôtel actuellement en service à Miliana, M. Abbas Kébir, également dessinateur, musicien et auteur de plusieurs livres et bandes dessinées qui traitent principalement de l’histoire de l’Algérie, se rappelle que des artistes (chanteurs et comédiens) venant animer la fête des cerises à Miliana au début des années 70 y logeaient. «Même la mosquée de Sid Ahmed Benyouef faisait, alors, office d’hôtel dans la mesure où face à l’absence de structures d’accueil, les fidèles prenant part au Rakb des Béni Farh (sorte de pèlerinage vers le mausolée de Sid Ahmed Benyoucef, NDLR) venus de nombre de régions du pays y passaient la nuit», a-t-il fait savoir. Dans la foulée, M. Benyoucef s’est remémoré, non sans émotions, un autre hôtel connu de la région de Miliana, celui de Aïn N’sour en l’occurrence (20 km à l’ouest du chef-lieu de commune), lequel a été saccagé au paroxysme de la violence au milieu des années 90. «Culminant à 1.300 m d’altitude, cet hôtel connaissait une grande affluence de la part des visiteurs venant admirer le paysage féerique qu’offrait la région, des moments de joie à laquelle des personnes sans foi ni loi ont, hélas, mis fin au milieu des années 90», dit-t-il avec regrets.

Réhabilitation des Offices locaux du tourisme, une nécessité «impérieuse»

Pour M. Abbas Kébir, travaillant actuellement en tant que guide de la ville de Miliana, la réhabilitation des anciens offices locaux (ou communaux) du tourisme est une nécessité «impérieuse» au regard de leur rôle dans l’incitation des visiteurs à se rendre vers une région donnée. «En 1983, j’étais membre de l’office local du tourisme de Miliana dont la mission principale consistait à distribuer des dépliants sur la ville de Miliana et à organiser les fêtes locales, les concours culturels et les circuits touristiques au profit des scolaire et du large public de façon générale», a-t-il dit. Faisant remarquer que la culture est devenue le «catalyseur» des stratégies touristiques locales, le président de l’Association «Les amis de Miliana», Lotfi Khouatmi a, de son côté, mis l’accent sur la nécessité de doter la ville de structures à même de contribuer à augmenter le nombre de visiteurs s’y rendant. «La volonté visant à faire bénéficier Miliana d’une stratégie plus offensive pour accroître ses retombées économiques à travers la valorisation des sites et évènements culturels doit impérativement être accompagnée de la mise en place d’infrastructures d’accueil et la réhabilitation des offices locaux du tourisme», a-t-il précisé. Faisant état d’une intense activité à Miliana, même de nuit, ce chirurgien-dentiste a noté que les nombreuses personnes attablées aux restaurants attestent du flux des visiteurs s’y rendant, mais faute d’infrastructures hôtelières, ces derniers sont contraints d’écourter leur séjour ou de quitter la ville relativement tôt. Evoquant les offices locaux du tourisme, il a noté que leur rôle consiste à orienter le touriste et à répondre à ses doléances, estimant que leur réhabilitation contribuera à redorer le blason de cette cité millénaire. «Depuis la mort tragique de feu Djamel Bensmail, le nombre de personnes venant à Miliana a considérablement augmenté, nous faisant d’avantage prendre conscience du manque à combler en matière d’infrastructures d’accueil», a-t-il conclu.

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