Oran

Incendie dans le marché de fruits et légume d’Aïn El Turck:
Les commerçants revendiquent une énième fois son évacuation

Un incendie s’est déclaré dans la nuit du mercredi aux environs de 23h dans les anciens locaux commerciaux, biens communaux à l’abandon depuis plus de trois décennies, situés en plein cœur du sordide marché des fruits et légumes d’Aïn El Turck.

Le sinistre, qui a causé plus de peur que de mal, a fait fuir une meute de rats, qui se terraient en ce lieu. Il a cependant suscité un mélange de sidération, de sarcasme et de colère chez les habitants domiciliés dans les alentours immédiats, farouches partisans de son évacuation et les commerçants.

Les flammes se sont rapidement répandues, à la faveur d’un petit vent, dans ces morbides locaux, dont le squat est à l’origine d’un délétère conflit de voisinage, qui dégénère presque régulièrement en bagarres ces derniers temps. Une enquête de police à été ouverte pour déterminer avec exactitude les circonstances ayant entraîné ce sinistre, apprend-on de sources policières.

Il importe de noter que ce marché devait être évacué après le dernier ramadhan. Il y a lieu de souligner dans cette optique que, le marché de proximité, située dans le quartier Nakhil, qui a été réalisé plus de dix ans auparavant et ayant nécessité un apport financier de 4,5 milliards de centimes, est destiné à accueillir les commerçants du marché des fruits et légumes en question et à contribuer ainsi à endiguer un tant soit peu l’informel. Ce marché parisien s’est dégradé au fil des jours au point de nécessiter une opération de restauration avant sa livraison.

La récente décision de la daïra concernant la délocalisation de l’actuel marché de fruits et légumes de ladite commune, a suscité un soulagement pour nombre de commerçants, qui s’impatientent pour s’installer dans leur nouveau lieu de travail.

Le report inexpliqué de son évacuation est largement épilogué sur la place d’Aïn El Turck. Notons qu’au lendemain de cet incendie des commerçants, installés dans ledit marché se sont rapprochés de notre journal et ce, pour faire part de leur vive indignation contre ce qu’ils ont qualifié « d’une mascarade morbide, entravant insidieusement l’opération d’évacuation dudit marché, qui est orchestrée par des personnes, beaucoup plus soucieuses à protéger leurs intérêts et ce, au détriment de centaines de commerçants, des bénéficiaires de box dans le nouveau marché couvert, désireux de régulariser leur situation professionnelle, qui sont coincés entre le marteau et l’enclume » avant de renchérir « nous souhaitons occuper dans le plus bref délai notre nouveau lieu de travail, en l’occurrence le marché de proximité du quartier Nakhil. Ces personnes, qui ont prétendu à l’ex- wali, lors d’une visite, qu’elles défendent nos droits, ne représentent en réalité qu’elles-mêmes. Elles ont usé de sournoiserie pour duper les autorités et continuent de le faire malheureusement et ce, pour éviter de tarir leur source de gain facile. Contrairement à ce qu’elles crient sur les toits à qui veut les entendre, nous sommes pour l’évacuation totale des quatre rues, constituant l’actuel marché des fruits et légumes du chef-lieu, qui est envahi par des hordes de rats à la morphologie impressionnante, attirés par la saleté ambiante, prévalant en ce lieu public. C’est encore pire en ces temps de crise sanitaire».

Des ex-propriétaires de kiosques, dans la municipalité en question, ont rallié la cause des commerçants mécontents tout en dénonçant leur marginalisation. « Nos locaux commerciaux ont été démolis fin 2009 et ce, pour les besoins de réalisation de projets d’utilité publique. Malheureusement et pour des raisons que nous devinons, seulement cinq (5) sur les vingt deux (22) ont bénéficié d’un stand dans le marché couvert du quartier Nakhil et ce, en dépit d’une attestation d’indemnisation, rédigée en bonne et due forme, qui nous a été délivrée pour chacun de nous en 2010 par l’APC de l’époque et qui nous ouvre le droit au bénéfice d’une table dans le nouveau marché de proximité » ont fait remarquer d’ex-propriétaires de kiosques vivement désappointés avant de renchérir « nous revendiquons ce qui nous revient de droit à savoir notre indemnisation conformément à la loi en vigueur. Nous ne baisserons pas les bras jusqu’à satisfaction de notre légitime revendication ». Nos interlocuteurs ont exhibé des documents attestant leur indemnisation, délivrés en 2010 (copie en notre possession) par l’APC d’Aïn El Turck de l’époque et ce, suite à la démolition de leurs kiosques. Notons dans la foulée que près d’une décennie après l’opération de démolition une demi-douzaine de kiosques qui étaient installés et en activité à l’époque au niveau de l’esplanade du 5 juillet, sise dans la localité de St Germain, pour les besoins d’un grand aménagement urbain, rien n’a vu encore le jour, hormis une volée d’une douzaine d’escaliers réalisés par l’entreprise chargée des travaux, qui a subitement plié bagage sans crier gare.

La réalisation de ces escaliers, avenant y compris, a coûté la bagatelle de 4,2 milliards de centimes. « Cette esplanade constituait le lieu privilégié de rencontres pour les familles dans une ambiance conviviale. Nous avions beaucoup investi à l’époque pour offrir un cadre agréable à nos clients, ils auraient pu nous laisser travailler au lieu de démolir nos kiosques pour finalement abandonner ce lieu public aux mignardises de la nature et, qui a été transformé en lieu de rencontre beuverie pour des marginaux » se sont indignés ces ex-propriétaires de kiosques avec amertume et répulsion avant d’ajouter « et comme le ridicule ne tue point nous nous acquittons mensuellement de 6 000 dinars pour nos droits de location des box dans ledit marché de proximité alors qu’il demeure toujours fermé ».

Toujours est-il que selon le constat la balle est dans le camp des autorités locales, qui sont devant le fait accompli et sont donc ainsi astreintes à démêler ce morbide écheveau pour épurer cette pernicieuse situation, n’ayant que trop perdurer à la faveur d’une stupide indifférence des uns et des autres, qui ont fait preuve de pagnoterie devant ce loufoque dilemme. « Nous avons l’impression que les concernés s’en tamponnent fort civilement le coquillard à propos de cette exécrable situation, qui tend vers le pourrissement, dans les deux sens du terme » ont encore fait remarquer nos interlocuteurs sur un ton laborieusement sarcastique.

Rachid Boutlélis

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