S’étendant en contrebas de la double voie reliant la municipalité d’Aïn El Turck au village de Cap Falcon sur une immense superficie surplombant la localité de Bouiseville, un regroupement d’habitations, au début rudimentaires, construite sous l’égide des coopératives, a commencé à faire son apparition au début des années 1990.
Depuis, cette zone s’est transformée en un véritable bourg avec en plus ses établissements commerciaux, ses écoles. Cependant, ces centaines de familles demeurant en ces lieux sont durement confrontées depuis plus de deux décennies à l’absence de régularisation administrative de leurs biens immobiliers. Ils font également face à l’absence de branchement au réseau du gaz naturel et sont confrontés au piteux et putride problème des fosses septiques. Les venelles ressemblent à s’y méprendre à des pistes de montagnes.
« Durant la saison de l’été nous sommes lamentablement exposés à des nuées de poussière, véhiculant toutes sortes de maladies et en hiver nous pataugeons dans de véritables marécages. Nous croisons les doigts en ces temps de pandémie du funeste coronavirus.
Pour des raisons liées à notre sordide situation administrative, notre lieu de résidence n’a jamais été ciblé par une quelconque opération d’aménagement. Nous le qualifions de zone d’ombre » ont commenté avec une humeur bilieuse nos interlocuteurs. Des représentants de ces habitants se sont rapprochés de notre journal pour exprimer leur ras le bol et attirer l’attention du wali d’Oran sur les déboires administratives auxquelles ils sont confrontés et ce, en exhibant des documents ayant été établis pour l’acquisition d’un lot de terrain, destiné à la construction de leurs habitations. Nos interlocuteurs ont vivement dénoncé « le fait de n’avoir pas été régularisés après la construction de leurs habitations et ce, en dépit des démarches, qui ont été entreprises conformément à la réglementation en vigueur et des requêtes adressées aux responsables locaux concernés. Le laxisme des uns et des autres a enfanté la déliquescence de notre situation dans laquelle nous nous débattons depuis plus de vingt années » avant d’ajouter « nous revendiquons tout simplement nos droits de citoyens de la République, qui se résument essentiellement à la régularisation de notre situation administrative.
Nous ne demandons pas la lune ».
Documents à l’appui, d’autres interlocuteurs ont également insisté sur le fait que « la coopérative Larbi Ben M’hidi est en réalité domiciliée dans la localité de Trouville, alors qu’elle a été réalisée sur les hauteurs de Bouisseville. C’est aberrant ! Et nous avons signalé cet inexplicable et baroque état de fait aux responsables concernés mais fort malheureusement nos correspondances sont restées sans suite. Le plus grave c’est que c’est nous autres qui sommes les grands perdants dans cet amalgame, qui ne dit pas son nom».
D’autres témoignages poignants et lourds de sens ont été formulés par d’autres habitants de la coopérative Larbi Ben M’hidi, l’une des plus importante dans cette zone du chef-lieu de la daïra, à propos de ce qu’ils ont qualifié « de réseaux mafieux, spécialisés dans la dilapidation du foncier dans cette partie de la wilaya d’Oran, à la faveur d’une absurde indifférence, voire une certaine complaisance apportée par des uns et des autres ayant pignon sur le biscornu engrenage du foncier »
Une mère de famille, qui avait acheté une parcelle de terrain au sein de cette coopérative, mitoyenne au côté opposé de l’enceinte de l’entrée principale de l’hôpital Dr Medjbeur Tami, pour construire une habitation, n’a pas caché son exaspération face au parcours du combattant dont elle est durement confrontée depuis une vingtaine d’années pour la régularisation de sa situation administrative.
« J’ai été obligée de mettre au clou mes bijoux de famille et emprunter pour aider mon époux à bâtir un toit afin d’abriter notre famille. Je me sens flouée car je me suis aperçue trop tard hélas qu’un réseau d’évacuation des eaux usées de l’hôpital longe les sous-sols d’une grande partie de ma maison » a déploré avec une pointe de dépit notre interlocutrice. Le même son de cloche s’est fait entendre chez des commerçants installés sur la principale rue, longeant partiellement le CEM Chatt (ex-école St Augustin). Toujours est il que las d’attendre, les habitants de cette coopérative ont décidé de saisir le wali pour lui exposer leurs doléances et d’intercéder auprès des concernés par ce dossier et les aider ainsi à démêler ce complexe écheveau, qui est à l’origine de leurs multiples contraintes et autres désagréments, engendrés par une situation administrative, qui demeure pendante depuis des années. Notons que ce malheureux constat a été signalé depuis aux chefs des exécutifs qui se sont succédé à la tête de la wilaya d’Oran. Des promesses ont été à chaque fois formulées pour la régularisation de la situation administrative de ces habitants mais les engagements n’ont à ce jour pas été honorés. « Nous espérons vivement que le wali intervienne afin de mettre fin à notre long calvaire » ont encore fait remarquer nos interlocuteurs avec amertume.
Rachid Boutlélis