L’ex-hotel Châteauneuf : une fatalité irréductible ?
L’hideuse carcasse de béton de douze étages qui depuis quarante ans nargue le regard des oranais au centre ville a été une nouvelle fois évoquée par les autorités locales.
Selon un journal local, le Wali d’Oran aurait décidé de régler définitivement le dossier de cet hôtel inachevé, dit du Châteauneuf, édifié sur un site historique, mitoyen au Palais du Bey, en principe classé et protégé par la Loi.
Et selon les mêmes sources, le Wali aurait laissé entendre que le dernier projet envisagé d’achèvement et de reconversion de la carcasse en locaux administratifs pour l’APC serait remis en cause pour des raisons juridiques liées à la propriété et à l’impact de l’infrastructure sur l’environnement urbain mitoyen.
Les anciens oranais qui souhaitent majoritairement la démolition de cette carcasse illustrant l’ineptie de la gestion locale, se souviennent des anciens débats sur l’avenir de l’ex-hôtel Châteauneuf qui n’a jamais pu trouver de repreneur après un appel à consultation lancé dans les années 90.
Même la grande société Sonatrach s’est désistée de son offre de reprise après avoir constaté les grandes difficultés pour l’aménagement des accès en raison de la nature juridique du terrain d’assiette inscrit au patrimoine historique.
Autant de contraintes et de paradoxes qui allaient un beau jour amener les plus hautes sphères de décision à approuver l’affectation de l’ex-hôtel Châteauneuf à l’APC d’Oran.
Un «cadeau empoisonné» de l’ancien chef de l’État qui ne se doutait peut-être pas de l’incapacité fatale de la Mairie oranaise à pouvoir prendre en charge un tel projet de réhabilitation et d’aménagement de cette carcasse en siège administratif.
Malgré les annonces très médiatisées faites il y a déjà une dizaine, concernant le lancement des études et une prochaine ouverture du chantier, rien en réalité n’a été engagé.
Et pour ajouter un peu de chaos à l’anarchie, même le bel édifice de la «mairie aux deux lions» devant être restauré reste à ce jour fermé pour des travaux lancés il y a plus de dix ans et qui ne sont encore à l’arrêt.
Des observateurs avisés se demandent aujourd’hui pourquoi et comment tous les documents administratifs et juridiques concernant l’historique de la carcasse du Châteauneuf ne seraient pas disponibles et bien répertoriés au niveau des services concernés, car le Wali vient d’exiger de la Mairie d’Oran de rassembler ces données «pour s’assurer de la nature du bien à travers les actes notariaux éventuellement établis précédemment».
«Le wali a peut-être une idée derrière la tête…», disent les mauvaises langues locales, mais rien n’indique encore que cette carcasse de l’ex-hotel Châteauneuf inachevée sera effacée un jour du paysage urbain frappé par une légendaire fatalité bien connue des oranais parmi les plus âgés…
Par S.Benali