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L’expert en transformation digitale et cybersécurité, Djalal Bouabdallah : «Les coûts et la lenteur administrative freinent la numérisation en Algérie»

L’Algérie pose les bases de sa transformation digitale, un enjeu majeur pour s’insérer pleinement dans l’écosystème numérique mondial. Alors que les jalons de la numérisation sont posés, la stratégie nationale tant attendue dans ce domaine sera bientôt dévoilée. Une étape cruciale pour un pays qui aspire à se moderniser tout en préservant sa souveraineté numérique.

Depuis quelques années, des progrès notables ont été réalisés. La création en 2023 du Haut-commissariat à la numérisation et la présentation récente de la première Stratégie nationale de l’intelligence artificielle illustrent cette volonté politique. L’expert en transformation digitale et cybersécurité, Djalal Bouabdallah, estime que la dynamique reste insuffisante face à l’évolution rapide des technologies. Lors de son intervention jeudi dernier sur les ondes de la chaîne III, M. Bouabdallah a souligné l’importance d’accélérer les efforts pour suivre la cadence mondiale. « La technologie n’attend pas. Plusieurs pays dans le monde passent déjà à l’opérationnel. L’Algérie doit intensifier ses efforts pour ne pas rester à la traîne », a-t-il affirmé.

Selon l’expert, la transformation numérique repose sur trois étapes fondamentales : la numérisation (passage de l’analogique au numérique), la digitalisation (exploitation des données numériques via les technologies) et la transformation numérique (l’effet combiné de plusieurs digitalisations). Il a indiqué qu’en Algérie, si certaines administrations sont encore au stade de la numérisation, d’autres commencent à digitaliser certains processus, a-t-il précisé. Pour réussir cette transition, trois composantes clés sont nécessaires : des infrastructures technologiques solides, une culture d’innovation, et une optimisation des processus administratifs. L’intervenant a affirmé que malgré les avancées, de nombreux défis subsistent. Parmi eux, les lenteurs administratives liées à l’importation d’équipements informatiques.

« Parfois, il faut attendre entre six mois et un an pour obtenir une autorisation d’importation. Une fois l’équipement acquis, il est souvent obsolète », a déploré M. Bouabdallah. Il appelle à une réglementation plus agile pour favoriser l’innovation et la compétitivité.
Autre frein majeur : le coût élevé de la connexion Internet pour les professionnels. Cette situation dissuade les entreprises spécialisées dans le Cloud de s’implanter en Algérie, compromettant ainsi la souveraineté numérique. « Sans Clouders nationaux, les entreprises se tourneront vers des fournisseurs étrangers, ce qui affaiblira notre autonomie numérique », a averti l’expert. Face à ces enjeux, l’Algérie devra mobiliser ses ressources et ses compétences pour transformer ces défis en opportunités. La divulgation imminente de la stratégie nationale de numérisation sera un moment clé pour fixer les priorités et engager le pays sur une trajectoire durable. Dans un monde où l’intelligence artificielle et le numérique redéfinissent les règles, chaque jour compte. Si les efforts se poursuivent et que les obstacles sont levés, l’Algérie pourrait non seulement rattraper son retard, mais aussi devenir un acteur compétitif sur la scène numérique mondiale.

Mohand S.

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