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Promulguée dans le cadre de la lutte contre les traversées clandestines à Aïn El Turck:
L’interdiction de sortie en mer plonge les petits pêcheurs dans le désarroi

L’interdiction de sortie en mer, récemment notifiée par la wilaya dans le cadre de la lutte contre les traversées clandestines, à toute embarcation à partir des plages de la contrée d’Aïn El Turck, ne semble à priori pas inciter à l’optimisme chez les petits pêcheurs, qui se retrouvent ainsi le bec dans l’eau.

L’objectif de cette décision vise notamment à empêcher les boat people de lever l’ancre, et tenter de juguler le phénomène lié à cette funeste infraction, qui a pris des proportions démesurées ces derniers temps. Toujours est-il que les pêcheurs en question, rongés ainsi par le désarroi et la sidération et désormais dans le creux de la vague, s’estiment, selon leurs propos, « avoir été sacrifiés sur l’autel de cette implacable lutte contre ces folles traversées ».
Cette récente décision interdisant la navigation est vraisemblablement très mal vécue par les concernés. Nos interlocuteurs ont déclaré avec amertume que « notre activité sur cette côte nous oblige à nous rendre au niveau des fonds marins rocheux, qui s’étendent au large des localités de Cap Falcon, les Coralès, le lieudit la Madrague dans ladite daïra ou encore celles de Cap Blanc et Madagh, sur le territoire de la commune d’Aïn El Kerma, où rodent des bancs de poissons à la recherche de nourriture et où l’abondance d’une espèce spécifique, comme la rascasse, le Saint Pierre, la daurade, la marbré et la murène entres autres, se multiplie. Ceux qui sont mieux équipés poussent leurs embarcations jusqu’au large de l’île Paloma ou celles des côtes de la région d’Aïn Témouchent où le poisson abonde encore plus. Les autres, qui sont plus ou moins nombreux, qui ne disposent que d’un strict minimum en équipement nécessaire à cette activité ne s’aventurent pas au-delà des côtes de la daïra d’Aïn El Turck, mais hélas cette nouvelle instruction entrave lamentablement notre activité » avant de renchérir avec une pointe de dépit « la plupart d’entre nous risque de grossir les rangs des chômeurs. Cette activité nous aide grandement à subvenir aux besoins de nos familles. Elle nous rapporte un certain apport financier et nous permet en plus de garnir notre cuisine avec du poisson frais ».
Il convient de noter dans ce contexte que les organisations humanitaires et les experts en sécurité se montrent beaucoup plus circonspects au sujet du phénomène des traversées clandestines. Elles ont conclu finalement que même si l’on parvenait à leur fermer la route maritime, ce qui est loin d’être acquis, une autre route s’ouvrirait ailleurs, tant les migrants clandestins sont désireux de rallier les côtes du Vieux continent. Il importe de signaler que les forces de sécurité, tous corps confondus, veillent à annihiler cette transgression du siècle, et ce, à travers des dispositifs de surveillance installés, chacun dans sa zone de compétence, tout le long de la côte d’Aïn El Turck.
Plusieurs tentatives de traversée ont pu être ainsi avortées. La dernière en date remonte à la veille de l’Aïd avec le démantèlement d’un réseau, qui opérait cycliquement entre la localité de Claire Fontaine et celle de St Roche, dépendantes du chef-lieu de la daïra d’Aïn El Turck.
Rachid Boutlélis

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