L’occupation du foncier par les bidonvilles et les constructions illicites
«Le temps où un citoyen venait construire une baraque illicite dans un bidonville dans le but d’être recensé et de bénéficier d’un logement social est révolu». Cette affirmation du nouveau wali d’Oran en poste depuis seulement un mois a été applaudie et appréciée par bon nombre de commentateurs oranais qui estiment que la politique d’éradication de l’habitat précaire doit désormais s’inscrire dans une démarche de rigueur et d’efficacité devant tenir compte des impératifs de respect des lois et règlements en matière d’urbanisme et d’occupation des espaces relevant de la propriété de l’Etat.
On sait que dans un passé récent, les élus communaux et même certains responsables locaux étaient frileux à l’idée de s’exposer aux colères et aux protestations de certains occupants de baraques illicites qui brandissaient à tour de bras leur droit au logement au nom du fameux slogan: «le sol de l’Algérie appartient à tous les Algériens». Il est vrai que durant l’ancienne période de gouvernance, marquée par des dérives et des scandales de corruption sans limites, l’anarchie urbaine avait atteint un seuil hallucinant, favorisant un peu partout l’avancée de l’illicite, de l’illégal, de l’informel, et de l’interdit dans presque tous les secteurs de l’activité sociale collective. A Oran, plusieurs sites de bidonvilles sont devenus célèbres pour avoir été démolis plusieurs fois puis reconstruits avec leurs propres ruines par ce qui allait devenir une véritable mafia de l’occupation et de la distribution du foncier sur les territoires des communes. Douar el-flalis, Cheklaoua, la Cumo, Sbika, et bien d’autres noms curieux désignent des sites d’habitat précaires venus s’ajouter au fil des ans aux hameaux périphériques de la ceinture de misère qui entourait la grande ville aux lendemains de l’indépendance.
L’engagement de l’Etat algérien à éradiquer l’habitat précaire allait malheureusement être pénalisé par les contraintes, les paradoxes, les dysfonctionnements et les dérives souvent constatés dans la gestion des affaires municipales. A l’époque, le manque d’expérience et de compétence, l’auto marginalisation des élites, le laxisme et la course au gain rapide et illicite, étaient autant de fléaux qui allaient favoriser l’anarchie sous toutes ses formes, notamment en matière de gestion du territoire et d’occupation du foncier. Certaines communes, comme Ain El Turck et Es-sénia, ont battu des records hallucinants en termes de nombre de sites de bidonvilles construits, occupés et réoccupés depuis les années 70. A tel point que le vocable « El-Fewdhaoui », anarchie en arabe, est entré dans le langage courant pour désigner l’habitat sauvage et illicite installé en banalité courante dans le décor péri-urbain de la grande ville. Un phénomène qui ne saurait être éradiqué sans le retour à une stricte application de la Loi et restauration de l’autorité de l’Etat permettant de mettre un terme aux abus, aux tricheries et parfois aux dérives dans la gestion du territoire communal et l’occupation du foncier par les sites de bidonvilles.
Par S.Benali