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Migration clandestine : la presse espagnole révèle une hausse des arrivées en Espagne depuis le Maroc

Fuyant la misère de leur pays, les jeunes marocains sont de plus en plus nombreux à tenter de gagner l’Espagne, parfois, au péril de leur vie, rapporte la presse espagnole qui fait état d’«un pic d’arrivées» ces dernières semaines via la ville de Ceuta.

Sous le titre «Le Maroc asphyxie Ceuta sous la pression migratoire et le verrouillage douanier», le journal espagnol «El Independiente» affirme que les jeunes marocains continuent d’arriver sur la plage de Tarajal, à Ceuta, par la nage.

«Certains portent des combinaisons et des palmes. D’autres se jettent à la mer sans savoir nager tandis que leurs mères les implorent de rentrer chez-eux. La majorité sont des mineurs et nagent depuis la ville marocaine de Fnideq en direction de Ceuta», écrit le journal qui relève qu’«il s’agit d’un voyage classique mais qui connaît depuis quelques semaines un pic d’arrivées, au milieu des appels à l’aide de la ville autonome, théâtre pour la énième fois d’une pression migratoire qui a submergé ses ressources d’accueil de 479 %».

Selon ce journal, cette nouvelle crise rappelle celle de mai 2021 lorsque des milliers de migrants, entre 10.000 et 12.000 personnes, avaient rejoint clandestinement les côtes de l’enclave espagnole de Ceuta en seulement 36 heures.

«El Independiente» indique, dans ce contexte, que les autorités de Ceuta avaient signalé, mardi dernier, «l’entrée irrégulière de 22 autres mineurs au cours des dernières 24 heures, portant à plus de 500, le nombre de mineurs actuellement sous protection de la municipalité».

Son président, Juan Jesus Vivas, a reconnu que la ville ne peut pas gérer, à elle seule, une crise d’une telle ampleur et a averti que la capacité de Ceuta est sur le point de s’effondrer.

Pour le politologue espagnol Enrique Avila, cité par le journal, les autorités marocaines sont responsables de cette situation.

«Tout le monde blâme le Maroc, car ici nous avons tous visité le Maroc à un moment donné et nous connaissons tous le contrôle que le Maroc exerce sur sa population quand il le veut. Nous pensons que ce qui arrive actuellement, le Maroc le permet», a-t-il déclaré.

Abondant dans le même sens, le journal «El Debate» soutient également que l’arrivée massive de jeunes marocains à Ceuta «a été planifiée par les autorités du pays voisin».

«L’Espagne est confrontée à un défi qui nécessite une réponse ferme et l’abandon du discours politiquement correct. Si nous fermons les yeux sur ce que le Maroc fait de nous, nous nous retrouverons dans un conflit et il convient d’appeler un chat un chat et d’éviter les euphémismes», a-t-il plaidé.

Ce journal estime que «les autorités marocaines ont un plan très hostile à l’Espagne», soulignant que les relations entre les deux pays n’ont jamais été aussi «pires».

Cependant, pour une ONG marocaine, les tentatives d’atteindre Ceuta sont une conséquence des politiques gouvernementales qui perpétuent la pauvreté, l’exclusion et les inégalités sociales.

L’association marocaine de citoyenneté et des droits de l’homme a dénoncé, en effet, le désespoir dont souffre les jeunes qui se jettent à la mer «en raison des politiques gouvernementales qui perpétuent la pauvreté, l’exclusion et les inégalités sociales» ainsi que le «manque de programmes d’intégration, de réhabilitation et de soutien pour les jeunes issus de familles pauvres».

«Qu’arrive-t-il à la jeunesse ? Eh bien, si vous n’avez pas d’horizon, vous allez essayer d’en trouver un. Et cela a été le cas tout au long de l’histoire. Il faut tenir compte du fait que le Maroc reçoit davantage des envois de fonds de l’immigration que du tourisme. Peu leur importe si c’est régulier ou irrégulier, cela représente un pourcentage très important du produit intérieur brut», explique Avila.

Un rapport publié en juin par le Baromètre arabe sur les tendances migratoires du Maroc, ainsi que celles de la région plus large du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), révèle que 55 % des jeunes marocains âgés de 18 à 29 ans souhaitent s’exiler.

Ce chiffre traduit les frustrations croissantes causées par le marasme économique dans lequel vit la population dont l’essentiel est au chômage, réel ou déguisé.

La crise sociale est aggravée par le piteux état du secteur éducatif et du système de santé, la corruption endémique et une répression féroce.

En effet, 45 % des jeunes sondés mentionnent les raisons économiques comme principales motivations pour migrer.

D’ailleurs, ils sont 53% à affirmer être prêts à prendre le risque de migrer sans disposer des documents légaux requis, c’est à dire de manière clandestine, témoignant de leur désespoir face aux conditions socio-économiques.

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