M. Saïd Saayoud, ex-wali en poste à Saïda, a été nommé aux commandes de la wilaya d’Oran qui vient ainsi de connaître le vingt-neuvième wali installé à son chevet depuis plus de cinquante ans.
Une liste ouverte en juillet 1962 par le regretté Souiah Lahouari, qui avait «rendu le tablier» après un très court mandat d’à peine trois mois. Parmi tous les walis qui se sont succédé, la mémoire oranaise ne retient que très peu de noms, tels que Khattib Djelloul, ou Rachid Merazi, connus pour leur compétence et engagement sur le front du développement.
D’autres, à l’image de Frik Bachir, resteront également célèbres pour d’autres raisons. Aujourd’hui, malgré le bénéfique changement introduit depuis deux ans dans la pratique politique, la désignation d’un wali à tel ou tel poste pose toujours certaines interrogations sur les motifs, les objectifs et les critères motivant le choix des décideurs. Et comme toujours, certains tenteront de décrypter la décision à la seule lecture des appréciations comparatives, des jugements subjectifs ou des spéculations inscrites au registre de la conjoncture sociale et du calendrier politique en cours. Mais au-delà des considérations liées à l’évaluation des capacités et des compétences des nouveaux wali nommés, mutés ou écartés, le bon sens populaire oranais ne retient surtout que l’instabilité chronique dans la gestion et le suivi des affaires locales.
Selon un correspondant de presse, le déjà ex-wali de Saida, Saïd Saayoud, était efficacement impliqué dans une politique de mise à niveau des agglomérations par la dotation en équipements et en infrastructures. On se souvient qu’il n’avait pas mâché ses mots pour alerter et mobiliser l’opinion sur la dégradation de la situation sanitaire et le recul inquiétant des mesures de lutte contre l’épidémie.
M. Saayoud Saïd, expert en Génie civil de formation, et ancien Directeur d’OPGI dans diverses wilaya avant d’être nommé wali à Saïda, semble apparemment bien armé pour maîtriser la gestion du patrimoine immobilier. Mais à Saïda, en matière de logements, de lots de terrain à caractère social destinés à la construction, et de gestion globale du patrimoine foncier urbain, industriel et agricole, il faut admettre que les contraintes et difficultés n’ont rien de commun avec la grande complexité des dossiers hérités d’un responsable à un autre au niveau de la wilaya d’Oran.
Le vieux bâti à risques d’effondrement, la prolifération des bidonvilles, le squat incessant des bâtisses évacuées en attente de démolition, les pressions sociales exercées par les demandeurs de logement chaque année plus nombreux, la dégradation du cadre urbain et les déficits en matière d’entretien et de maintenance, les retards cumulés dans la réalisation de presque tous les projets en cours ou devant être lancés, les erreurs dans les études de maturation et d’implantation de certaines infrastructures, l’anarchie insoluble dans le transport public et la circulation, l’assainissement en matière d’attribution de terrains industriel et de promotion des investissements privés, et encore bien d’autres questions épineuses demeurent posées et, inscrites au calendrier d’activité du nouveau chef de l’exécutif de la wilaya d’Oran.
Ainsi les wali passent et se succèdent à Oran, devenant parfois des ministres de la République, tandis que la ville n’enregistre aucun progrès tangible ou résultats significatifs en matière d’hygiène, d’environnement, d’amélioration urbaine, de transport, de logement, ou d’achèvement de grands projets dans les normes et les délais prévus. Dans presque tous les secteurs les déficits s’aggravent et les carences s’accumulent. Alors, disent les plus septiques, que peut bien faire un wali, aussi sincère et engagé soit-il, quand les décideurs, les ministres en charge des dossiers, et même les gestionnaires locaux concernés continuent d’afficher une forme de désinvolture, de laxisme et d’indifférence envers l’avenir social, culturel et urbain de la collectivité locale.
Benali. Si Youcef