Opérations d’aménagement du tissu urbain: qui décide de quoi?
Afin de permettre l’entrée en exploitation du parking à étages de M’dina Jdida, les autorités locales avaient annoncé le lancement d’une grande opération d’évacuation des marchands occupants les rues et ruelles menant au parking. Il y a quelques jours, les services communaux, assistés par des policiers, sont en effet intervenus pour assainir cet espace urbain à M’dina Jdida connu depuis des lustres pour les nombreux étalages de marchandises diverses au milieu de la chaussée.
Un «souk» anarchique qui bloque le passage des véhicules voulant éventuellement aller stationner au parking à étages qui reste fermé depuis des années après un parcours chaotique et bon nombre d’interrogations ayant marqué les travaux de réalisation.
Il y a quelques années, un ancien wali en poste avait proposé la reconversion de ce parking en grand centre commercial, une idée rejetée par les services de la protection civile estimant que les normes de sécurité étaient insuffisantes pour ce genre d’activité.
Mais pour bon nombre d’observateurs avisés, l’exploitation de parking confié en concession à l’entreprise de wilaya chargé de l’éclairage public, et implanté dans cet espace urbain improbable, aurait très peu de chance d’être pleinement opérationnel et rentable en raison de bon nombre de contraintes et d’incohérences liées aux accès, à la circulation et aux flux de mobilité.
La population d’Oran et des communes environnantes ne se rend généralement au quartier de M’dina Jdida que par le tramway, le transport collectif ou éventuellement le taxi. Personne ici n’ignore les difficultés et les désagréments rencontrés par les automobilistes qui «s’aventurent» à l’intérieur des rues et ruelles de ce quartier commercial connu pour la grande affluence de visiteurs venant même d’autres wilayas.
Mais la structuration sociale et urbaine de M’dina Jdida n’a malheureusement jamais été prise en compte dans la gestion et l’aménagement du cadre urbain collectif de ce quartier.
De temps à autres, depuis des décennies, des opérations conjoncturelles d’évacuation des marchands ambulants qui occupent les rues aux alentours du Marché, à quelques pas du fameux parking, ont été menées par les services concernés sans parvenir à terme à un résultat efficace et durable.
Certains, sur les réseaux sociaux, estiment abusivement que la mise en service de ce grand parking sera très bénéfique pour la ville d’Oran car elle permettra la création de plusieurs postes d’emploi, et contribuera, disent-ils, à «désengorger» la circulation routière. Difficile de croire qu’en libérant les rues et ruelles menant au parking et occupées par des marchands ambulants, le trafic routier va s’améliorer autour du quartier de M’dina Jdida.
Les mauvaises langues locales ne cessent d’ironiser en suggérant que tous les marchands ambulants évacués et mis au chômage forcé soient «recrutés» par l’entreprise gestionnaire du parking en question.
Encore une fois, on ne peut que déplorer la culture des précipitations et le manque d’anticipation dans la gestion des opérations d’aménagement du tissu urbain à travers les quartiers. Ainsi va Oran…
Par S.Benali