Oran

Oran : 40 boucheries sans registre de commerce

Selon l’Association de protection du consommateur, près de 40 boucheries exercent actuellement sans registre de commerce, en totale infraction avec la réglementation. Un constat alarmant qui expose les consommateurs à des risques sanitaires majeurs et pousse l’organisation à interpeller les autorités pour une réaction rapide.

Dans plusieurs quartiers de la wilaya, notamment à Hassi Bounif, Gdyel, Sidi El Bachir et Douar Boudjemâa, la vente de viande s’effectue dans des conditions d’hygiène déplorables, souvent en dehors de tout cadre légal. Des dizaines de bouchers non déclarés y opèrent en marge de la loi, favorisée par un contexte de désordre et de tolérance prolongée. L’abattage clandestin, pratique ancienne et profondément enracinée dans certaines zones périphériques, continue de prospérer en dépit des campagnes de sensibilisation et des opérations de contrôle menées ces dernières années.
L’une des raisons majeures de cette recrudescence est l’écart grandissant entre les prix des viandes légales et ceux issus de l’abattage illicite. Alors que les tarifs affichés dans les boucheries réglementées connaissent une flambée, la viande provenant de filières parallèles est vendue à des prix nettement inférieurs, attirant une clientèle de plus en plus nombreuse. Cependant, l’origine et la qualité sanitaire de ces produits demeurent inconnues, et les conditions de conservation ou de transport échappent à tout contrôle vétérinaire. Les pratiques frauduleuses ne s’arrêtent pas là. La direction vétérinaire de la wilaya a révélé la découverte de tampons d’estampillage falsifiés, utilisés par certains bouchers pour donner une apparence de conformité à leurs produits. Ces marques contrefaites, censées attester d’un contrôle vétérinaire, permettent à des viandes issues d’abattages clandestins d’être écoulées sur les marchés ordinaires. Les inspections menées sur le terrain ont permis de repérer plusieurs cas de ce type, en particulier dans les communes de Hassi Bounif, Es-Senia, Gdyel et Aïn El Beida, où plus de 40 points d’abattage illégaux ont été recensés. Face à cette situation préoccupante, l’Association de protection du consommateur a tiré la sonnette d’alarme, qualifiant la prolifération des boucheries clandestines de «menace directe à la santé publique». Elle appelle à un resserrement des contrôles et à une coordination plus rigoureuse entre les services de sécurité, les autorités locales et les services vétérinaires. Ces derniers affirment multiplier les saisies de viande impropre à la consommation, parfois en quantités massives, tout en adressant régulièrement des alertes officielles aux communes, daïras et services de wilaya. Malgré la présence de quatre abattoirs agréés sur le territoire de la wilaya, le phénomène de l’abattage clandestin semble loin d’être contenu. Chaque année, de nouveaux points illégaux apparaissent, souvent dans des zones rurales ou périurbaines échappant à la surveillance quotidienne. Les autorités locales reconnaissent la difficulté de mettre un terme à une activité économiquement lucrative, mais dangereuse et incontrôlée, où l’absence de sanctions fermes alimente un sentiment d’impunité. La lutte contre cette économie souterraine ne peut, selon les associations, se limiter aux opérations de saisie. Elle exige également une prise de conscience des consommateurs, invités à privilégier les circuits de distribution certifiés et à signaler les points de vente suspects. Car au-delà de la concurrence déloyale, c’est bien la sécurité alimentaire des Oranais qui est en jeu, à l’heure où la traçabilité des produits carnés devient un enjeu majeur de santé publique.

Yacine Redjami

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