« La ville italienne, Milan, trie aujourd’hui près de 65% de ses ordures ménagères. Milan est ainsi en pointe sur cette question grâce à l’innovation technologique et à l’engagement de ses citoyens. Le modèle intéresse New-York. Milan est devenue une ville modèle en matière de gestion des déchets ». Rome, la capitale italienne, qui faisait régulièrement la Une de la presse internationale pour la saleté de ses rues et ses 5.000 tonnes d’ordures produites par jour ramassées de manière aléatoire par l’agence municipale endettée à hauteur de 600 millions d’euros, était plus connue pour sa gestion clientéliste et les scandales mafieux que pour le sérieux de ses 7.500 employés le plus souvent mal ou pas du tout formés, selon un article de presse publié en 2016.
Le problème, relevé par le journaliste, est que les employés de l’agence chargée de l’entretien de la ville, n’étaient pas aidés par les 3 millions de Romains. Comme Oran, aujourd’hui, qui n’est pas aidée par ses deux millions d’habitants ! Une bien curieuse similitude, comme dirait l’autre. Pourtant, dans le paysage urbain algérien, Oran, seconde ville portuaire, a longtemps été une exception. Surnommée « la radieuse », Oran, la deuxième plus grande ville d’Algérie et une des plus importantes villes du Maghreb, a tiré sa notoriété, non seulement du fait d’être une cité où il est confortable d’y vivre, mais aussi grâce à sa population très affable, portée sur l’hygiène et la propreté de sa ville, valeurs qui la distinguaient de bien d’autres villes nationales ou étrangères.
Comment se fait-il qu’aujourd’hui, les habitants de cette ville se désintéressent presque totalement de l’image de leur cité en faisant preuve d’un flagrant laisser-aller et d’incurie en matière d’entretien de leurs quartiers et de leurs rues? En tant que contribuables et citoyens de cette ville, ne se sentent-ils pas concernés par la question de l’insalubrité publique, dont ils sont les premiers responsables et de surcroît, les premiers touchés?
Il est bien facile de dire que la situation est héritée, certes, mais dans les grandes villes européennes, comme les petites d’ailleurs, les citoyens se mobilisent et surtout, assistent les autorités locales et les gestionnaires de la ville dans toute opération de réhabilitation, de lutte contre l’insalubrité publique, dans la réalisation des projets, en faisant preuve de civisme et de solidarité. C’est ce qu’on appelle l’engagement citoyen.
Les défaillances chroniques en matière de gestion des déchets et d’insalubrité inlassablement dénoncées par le wali d’Oran, renseignent à quel point, une grande partie de la population se dérobe de sa responsabilité citoyenne. Qu’on le veuille ou non, des efforts titanesques sont entrepris par les responsables locaux et les gestionnaires de la ville pour débarrasser Oran de cette image hideuse de ville sale qui lui colle à la peau, sans que cela ne trouve un répondant chez le citoyen qui fait preuve d’une indifférence criarde et incompréhensible envers son environnement, dont il est garant au premier degré, mais surtout envers ces milliers de travailleurs communaux qui se tuent au travail harassant d’enlèvement et de nettoiement.
Les choses étant ce qu’elles sont, il faudra penser à ériger des règles beaucoup plus strictes et coercitives afin de faire respecter les horaires de passage des collecteurs, et la préservation de la propreté dans les quartiers. On n’est pas encore à l’heure des poubelles intelligentes qui avertissent quand elles sont pleines, aucune utilisation de sacs plastiques ou encore le tri des déchets organiques y compris sur les marchés municipaux, ni d’arriver à recycler 100% de nos déchets, toutefois le civisme demeure le seul moyen efficace à notre portée pour lutter contre l’insalubrité publique.
Karim Bennacef