Présidence du conseil des droits de l’homme : le Maroc, un candidat au bilan douteux en matière des droits de l’Homme
Les 47 membres du Conseil des droits de l’Homme voteront mercredi pour désigner le prochain président, entre l’Afrique du Sud et le Maroc, un candidat au bilan douteux en matière des droits de l’Homme qui ne répond à aucun critère requis pour maintenir l’intégrité institutionnelle du Conseil et son travail, ont indiqué des experts.
Le représentant à Genève de l’ONG africaine DefendDefenders, Nicolas Agostini, a déclaré lundi au site d’information suisse, Geneva Solutions, que «le pays du futur président (du Conseil) doit être en mesure de démontrer un bilan décent en matière des droits de l’Homme et sa réputation ne doit pas être entachée par des représailles commises contre les défenseurs des droits de l’Homme».
Dans ce cadre, la candidature du Maroc à la présidence a suscité de vives condamnations de la part de plusieurs groupes de défense des droits de l’Homme, en particulier parmi les militants du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975.
Les Sahraouis soutenant leur droit à l’autodétermination «ont fait l’objet de sévères mesures de répression de la part des autorités marocaines, allant du gel de leurs avoirs à la torture, en passant par les arrestations arbitraires et l’expulsion de leur pays d’origine », écrit Geneva Solutions.
Les experts de l’ONU ont dénoncé les violations commises par le Maroc à l’encontre des défenseurs des droits humains sahraouis et le royaume est également régulièrement mentionné dans le rapport annuel du secrétaire général de l’ONU comme l’un des pays commettant des actes d’intimidation et de représailles contre des individus engagés avec l’ONU, ajoute-t-on de même source.
«En tant que pays au bilan épouvantable en matière de droits humains, qui occupe militairement le territoire du Sahara occidental et réprime violemment ses habitants chaque jour, le Maroc ne parvient manifestement pas à répondre aux critères minimaux requis pour maintenir l’intégrité institutionnelle du Conseil et son travail», a affirmé le directeur exécutif de la fondation suédoise Right Livelihood, Ole von Uexkull.
Pour sa part, le candidat de l’Afrique du Sud, Mxolisi Nkosi, a estimé que la présidence était «plus qu’une question de prestige national» et de présidence de réunions.
«Nous voulons utiliser la présidence pour apaiser les tensions actuelles et jeter des ponts audelà des divisions existantes au sein du Conseil».
Il a ajouté qu’il s’efforcerait également de restaurer la confiance entre les membres du Conseil et d’encourager un dialogue plus interactif tout en utilisant son poste pour renforcer la crédibilité du Conseil.
«Il est très important que nous renforcions l’image de crédibilité du Conseil en tant que gardien et instrument efficace et efficient pour la promotion et la protection des droits de l’Homme», a déclaré Nkosi, affirmant que l’Afrique du Sud, avec ses antécédents en matière de promotion des droits de l’Homme, est le «seul candidat légitime » au poste de président.
Dans ce contexte, la militante sahraouie des droits de l’Homme, Ghalia Djimi, disparue pendant plus de trois ans en 1987, a précisé que «le principal reproche au Maroc, est la violation de l’article un de la Charte des Nations unies qui stipule que tous les peuples ont le droit à l’autodétermination ».
«Si le Maroc réussit à ce que son candidat devienne président, cela ne fera que l’encourager à continuer vigoureusement de commettre des violations des droits de l’Homme», a abondé dans le même sens la présidente de l’Instance sahraouie contre l’occupation marocaine (ISACOM), Aminatou Haidar.