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Prise en charge des cancers en Algérie : l’ANPHA publie son rapport sur l’enjeu de financement et le rôle clé du pharmacien

L’Association Nationale des Pharmaciens Algériens (ANPHA) vient de rendre public un rapport national consacré à la prise en charge des cancers en Algérie, mettant en lumière les défis financiers croissants et le rôle crucial que joue le pharmacien dans ce parcours de soins.

En effet, ce rapport, selon le communiqué de l’association, est le fruit de deux années de travaux et de débats avec des experts du secteur, propose des solutions pour optimiser les soins et assurer une meilleure prise en charge des patients atteints de cancer.
Le cancer est désormais, explique-t-on, reconnu comme l’une des maladies les plus complexes du siècle, représentant un défi considérable pour les systèmes de santé modernes.
En Algérie, la lutte contre cette maladie mobilise des ressources humaines et financières conséquentes. L’ANPHA, en collaboration avec le ministère de la Santé et divers spécialistes (cliniciens, économistes de la santé, pharmaciens), a organisé plusieurs rencontres à travers le pays. Ces échanges visent à améliorer la prise en charge des patients et à identifier les points faibles du système actuel.
Concernant l’enjeu de financement, le rapport met en avant les coûts croissants liés à la prise en charge des patients cancéreux. En 2022, ces dépenses représentaient déjà entre 10 et 15 % du budget de la santé publique. Cette augmentation est en grande partie due au vieillissement de la population, à la multiplication des facteurs de risque (environnementaux et comportementaux) et à l’amélioration de l’accès aux soins. La prise en charge du cancer englobe la prévention, le dépistage, le diagnostic, les traitements (médicaux et chirurgicaux) ainsi que les soins palliatifs.
Toutefois, malgré les avancées dans la recherche qui ont permis de développer des traitements anticancéreux plus efficaces, ces nouveaux traitements sont aussi plus coûteux, ce qui exerce une pression sur les capacités de financement du système de santé algérien.

Les propositions de l’ANPHA pour améliorer le financement

Ainsi, l’ANPHA plaide pour une approche stratégique multisectorielle. Parmi les mesures proposées, un plan global qui met l’accent sur la sensibilisation, le dépistage précoce et une répartition équilibrée des budgets entre les thérapies et l’hospitalisation.
Une optimisation des coûts à travers une meilleure gestion des services publics, avec une implication accrue de la sécurité sociale et des mutuelles santé.
La possibilité de dispenser certains traitements anticancéreux directement en pharmacie pour réduire les coûts.
Des partenariats internationaux pour des achats groupés de traitements, permettant de négocier des prix plus compétitifs.
Une révision du code des marchés publics pour l’adapter aux besoins spécifiques du secteur de la santé.
Le rapport de l’ANPHA souligne l’importance du pharmacien en tant qu’acteur clé dans la prise en charge des patients cancéreux. Grâce à sa proximité avec les patients et à ses compétences, le pharmacien est idéalement placé pour jouer un rôle dans l’éducation thérapeutique, la gestion de la douleur, le dépistage et la prévention.
L’association recommande une réorganisation de la pharmacie hospitalière, afin de rendre cette entité plus indépendante et mieux équipée pour répondre aux exigences des traitements anticancéreux. Elle propose également la création d’un secteur dédié aux essais cliniques au sein des pharmacies hospitalières, ce qui contribuerait au développement de la recherche en Algérie.
En outre, l’ANPHA appelle à une mise à jour des programmes de formation des pharmaciens, pour les orienter davantage vers des missions cliniques et des collaborations interprofessionnelles.
Pour optimiser la prise en charge des cancers, une coordination renforcée entre les acteurs du parcours de soins est nécessaire. La collaboration entre le pharmacien, les cliniciens, les aidants, et les patients doit être continue, de la phase de dépistage à l’après-cancer, en prenant en compte les besoins physiques, psychologiques et socio-économiques des malades.
Noreddine Oumessaoud

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