EDITO

Quand le racisme se banalise

La France extrémiste se décomplexe. Le racisme qui pourtant est un délit devient tout bonnement une opinion. La montée de l’extrême droite et sa haine assumée de l’étranger qui ne choque pas beaucoup de monde en est une preuve tangible. Les dernières élections, celle des européennes ou, plus proche , celle des législatives, qui est à son premier tour, renseignent sur cette lame de fond qui travaille la société française jusqu’à faire d’un parti créé par des nazis convaincus et des négationnistes affichés, un parti ordinaire et ses idées banalisées.
Et les victimes de cette montée de racisme, on s’en soucie de moins en moins. En tous cas cela ne semble pas trop déranger des leaders politiques comme le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, ou l’ancien premier ministre et patron d’Horizons, Édouard Philippe, qui s’accommodent de la montée du discours nauséabond du Rassemblement Nationale et n’ont pas appelé à lui faire barrage clairement au deuxième tour.
Il en est de même pour la presse de l’Hexagone qui a vu l’arrivée fracassante et honteuse de l’homme d’affaires Vincent Bolloré et sa main mise sur plusieurs médias qui, pendant des années, ont grandement contribué à la montée de l’ extrême droite ( un qualificatif d’ailleurs interdit dans toutes les rédactions de l’empire médiatique de Bolloré où on parle de droite nationaliste). Pire encore d’autres médias dits de la droite républicaine, à l’image du Figaro, ne font pas mieux avec ses responsables rédactionnels actuels qui en ont fait un tract du parti de Marine le Pen.
Un déchaînement raciste qui a mis l’immigration et l’étranger en bouc émissaire de tous les déboires d’un pays qui a perdu tous ses repères républicains et ses valeurs de liberté, de justice et d’égalité.
Un nivellement par le bas et un renoncement républicain d’une classe politique traditionnelle qui a mis au devant de la scène un jeune raciste de 28 ans seulement, Jordan Bardella, sans envergure et d’une incompétence affligeante, et qui peut devenir demain premier ministre d’un pays qui ne cesse de couler. Un Bardella qui n’est rien d’autre qu’un tiktokreur et un influenceur, mordu d’internet et de réseaux sociaux, et dépourvu de toute culture politique ou autres. Voilà où en est le pays des Lumières, des Rousseau, Zola, Balzac, Blum, Sarthe, de Gaulle, Chirac et les autres.
L’ arrivée de l’extrême droite si près des portes du pouvoir renseigne sur le recul et le déclin d’un pays dont l’influence dans le monde et le retard économique ne font que se confirmer. Mais le plus dangereux dans ce qui se passe en France, c’est le difficile avenir qui attend les étrangers installés dans ce pays, notamment les Maghrébins et les Africains qui sont la première cible des Le Pen et consorts et auxquels on promet l’enfer, la misère et la chasse aux sorcières.
Par Abdelmadjid Blidi

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