Quand l’Ukraine éclipse les dossiers arabes
Deux faits marquants ont caractérisé le sommet de la Ligue arabe tenu à Djeddah vendredi dernier. Le retour de la Syrie au sein de la famille arabe, avec la présence du président Bachar al Assad après 12 ans d’absence. Le deuxième point était la présence du président ukrainien qui a eu droit à la parole et prononcé un discours.
On sait que Zelensky, plus qu’un président, est surtout un grand communicant qui ne rate aucune occasion ou rencontre médiatique et médiatisée pour se faire inviter. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait lors de la cérémonie des Oscars et de celle de l’Eurovision qui toutes les deux lui ont été refusées et où il avait reçu une sèche fin de non recevoir des organisateurs des deux événements.
Cela ne l’a pas empêché de retenter sa chance auprès du pays hôte de ce 32e sommet arabe, où il a reçu l’aval du maître de cérémonie le prince héritier saoudien Mohamed ben Salman. Une aubaine pour Zelensky qui a attiré toute la lumière sur lui et a été » l’événement » relevé par tous les gros médias et télévisions du monde, alors que les peuples arabes voulaient que ce sommet soit l’occasion de mettre au centre des intérêts la cause palestinienne et la barbarie sioniste, surtout que ce sommet venait juste après l’assassinat de plus de 30 palestiniens dont une majorité d’enfants par les sbires de Netanyahou.
A la place on a eu le discours d’un président ukrainien, qui non seulement a totalement ignoré les souffrances du peuple palestinien, n’exprimant aucun mot de compassion à son egard, mais se permettant le luxe de critiquer et même de « gronder » les pays arabes qui ne soutiennent pas sa cause, déclarant « malheureusement, certains pays dans le monde et ici, parmi vous, ferment les yeux sur ces prisons et annexions illégales », déniant aux Arabes leur droit au non-alignement, et rappelant encore, malicieusement, que l’Ukraine fournit du blé ukrainien à plusieurs pays arabes ( ce qui est au mieux une offense et au pire une menace). Et à l’ancien comédien d’ajouter «quiconque qui défend son pays contre l’envahisseur… est sur le chemin de la justice. La justice doit être faite pour le peuple ukrainien ». Il aurait pu reconnaître sur ce point ,au moins, que les Palestiniens, eux aussi, défendent leur pays contre l’envahisseur, et qu’ils sont sur le chemin de la justice. Mais il ne l’a pas fait, car pour lui, comme pour les puissants qu’il est allé rencontrer au Japon, où se tenait le sommet du G7, le seul allié à défendre c’est l’entité sioniste.
L’invité encombrant de MBS est venu non seulement pour critiquer les Arabes qui n’épousent pas ses positions, mais aussi pour les sermonner , ignorer leur cause centrale qu’est là cause palestinienne , mais surtout perpétuer la politique des deux poids deux mesures et confirmer l’injustice internationale. Ceci en plus d’avoir totalement éclipsé le sommet arabe qui a été, de mémoire de journaliste, l’un des plus expéditifs de l’histoire de la Ligue arabe, puisqu’il a commencé avec le début de la prière de vendredi et à été clôturé, cavalièrement, bien avant celle du Asr, sans qu’il y ait de pause, ni huis clos, ni cérémonie de clôture à proprement parlé.
Par Abdelmadjid Blidi