Que devient le projet de «Maison de la presse» annoncé il y a dix ans?
On se souvient que juste après son élection à un premier mandat, le Président Abdelmadjid Tebboune avait donné des instructions aux responsables locaux visant à réaliser ou à aménager des structures d’accueil permettant aux journalistes et correspondants de presse d’exercer leur métier dans les meilleures conditions de travail et de convivialités. Des structures connues sous le nom de «Maison de la presse», déjà implantées dans bon nombre de wilaya… sauf à Oran où curieusement un projet évoqué depuis plus de vingt ans n’a jamais pu voir le jour.
On sait qu’un vieux bâtiment à Sidi El Houari, tristement connu pour avoir jadis hébergé un commissariat de la police coloniale spécialisé dans la torture des détenus, militants et fidayines du Front de libération, avait été affecté dans les années 90 à trois ou quatre journaux indépendants alors créés à Oran juste après la réforme ayant permis l’ouverture au pluralisme et à la presse libre. Des journaux qui allaient disparaître du paysage pour différentes raisons liées à la conjoncture et à la nature du système de gouvernance de l’époque. Malgré le nombre croissant de publications et de journalistes tous profils confondus, la wilaya d’Oran, berceau de la presse de proximité, allait attendre en vain la réalisation d’un centre polyvalent dédié à tous les professionnels de la wilaya. La dernière annonce en date est celle d’un ancien wali qui avait décidé en 2016 d’affecter aux journalistes l’ancien siège de l’organisation locale des moudjahidines qui a été transféré sur le Bd Front de mer à côté de la l’ancien siège de la daïra.
Lors d’une cérémonie de célébration de la journée de la presse, un arrêté de wilaya notifiant cette affectation a même été «encadré» et présenté sous les applaudissements des responsables locaux et des élus de l’assemblée de wilaya. Mais des années plus tard, rien n’a été concrétisé par les walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya. Bien au contraire, le dossier semble avoir été rangé dans les tiroirs de l’oubli et des renoncements, en raison aussi, il faut bien l’admettre, du recul, voire de l’effritement de l’adhésion collective qui était auparavant exprimée par les membres de la profession. Des journalistes, pigistes, collaborateurs, et autres correspondants bien trop occupés à faire face aux aléas et aux difficultés rencontrées durant ces dernières années dans l’exercice de leur métier. Dès son installation récente à Oran, le nouveau wali a eu le mérite d’évoquer ces difficultés en s’engageant notamment à prendre toutes les dispositions pour faciliter l’accès à l’information sur les dossiers de gestion de la wilaya et des communes d’Oran.
Le chef de l’exécutif a suggéré l’organisation de rencontres périodiques avec les responsables des différents secteurs d’activité. Ce que les professionnels des médias connaissent sous le vocable de «points de presse» utiles à l’information. Lors de cette rencontre avec les journalistes, le wali a été interrogé sur l’état des lieux de bon nombre de dossiers, tels que la situation du quartier Sidi El Houari, le Palais des conférences à Haï Sabah, la tour-carcasse dite de «l’hôtel Châteauneuf» près de la place du 1er Novembre, ainsi que le vieux bâti, les bidonvilles et le logement social.
Le wali, nouvellement installé, a assuré «qu’il aura des réponses avec plus de détails lors de prochaines rencontres en présence des responsables des secteurs concernés». Mais certains journalistes présents ont ressentis une forme de déception, voire une certaine frustration, en constatant que le vieux projet de Maison de la presse à Oran à été occulté et oublié par ceux qui posaient des questions sur les vieux dossiers que le nouveau wali n’a pas encore eu le temps d’analyser et de cerner…
Par S.Benali