Oran Aujourd'hui

Recul de la responsabilité citoyenne

Il y a quelques jours, le maire de la commune d’Oran, les délégués des secteurs urbains ainsi que le directeur de l’EPIC «Oran Propreté» ont été convoqués par le wali à une réunion portant sur la situation de l’hygiène et de l’environnement dans la commune d’Oran. Selon la presse locale, le premier responsable de la wilaya n’a pas caché son mécontentement et sa déception face à l’état des lieux du cadre urbain oranais qualifié de déplorable. Lors de cette réunion, le wali a très sévèrement sermonné les gestionnaires de l’APC d’Oran, laissant clairement entendre «qu’ils n’étaient pas à la hauteur des responsabilités et des missions qui leur sont confiées». Citant entre autres actions inscrites au programme, la lutte contre l’occupation illicite des trottoirs, la collecte des ordures ménagères, le stationnement anarchique, ou encore la lutte contre le commerce informel, le wali a dressé un constat d’échec plutôt triste et affligeant et a demandé aux élus «de faire des efforts et d’assumer pleinement leurs responsabilités». «Que ceux qui ne sont pas à la hauteur de la responsabilité cèdent leur postes à ceux qui en sont plus dignes» aurait déclaré le wali à l’adresse des élus municipaux. Des propos qui résument bien les failles et les carences du système global de gestion des affaires de la Cité encore pénalisé par le déficit de compétence et de crédibilité. Commentant cette actualité, les mauvaises langues locales n’ont pas manqué de s’interroger et d’applaudir à l’idée de «remplacer les élus défaillants par d’autres élus plus sérieux et plus compétents». Mais il est vrai que l’arrivée aux commandes d’une mairie reste tributaire d’un système partisan excluant les élites intellectuelles et sociales devenues allergiques aux querelles de clan pour la conquête de l’APC. Les péripéties scabreuses marquant le parcours de l’APC de Bousfer illustrent on ne peut mieux l’ampleur des dérives et des défaillances du système de gestion municipale truffé de paradoxes, de tabous et d’incompétence à tous les étages. Il est vrai que l’hygiène publique, l’environnement et l’entretien du cadre urbain sont des missions élémentaires principales relevant des attributions de la mairie. Mais les contraintes et les carences constatées et vécues en ce domaine depuis des décennies ne sont que le résultat d’un échec collectif forgé par le vieux système de gouvernance truffé de paradoxes, de dérives et d’incompétences. On sait, par exemple, que depuis plus de cinquante ans, le mode de collecte des déchets ménagers à Oran n’a jamais pu être maîtrisé de manière efficace, malgré plusieurs études et interventions d’experts plus ou moins crédibles. Et il en est de même pour la gestion des espaces verts, la maintenance des chaussées et des trottoirs, les marchés couverts à l’abandon, les marchands dits illicites occupant les trottoirs, les gardiens de voitures auto-proclamés, le squat des caves et des terrasses d’immeubles, et bien d’autres inepties urbaines connues depuis des lustres. La lutte contre la clochardisation avancée et le recul de la responsabilité citoyenne ne peut pas être menée ni encore moins garantie par un système encore miné par des pratiques et des comportements hérités des années de plomb.
Par S.Benali

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page