Réhabilitation et aménagement de la Sebkha : quelles sont les urgences et les priorités
Le wali d’Oran a présidé mardi dernier une réunion consacrée au futur projet de réalisation d’un village scientifique aux abords de la zone humide «Daïa Morsli» plus connue sous les noms de «P’ti Lac» ou de « La Sebkha » d’Oran. Cette rencontre s’est tenue en présence du professeur Ahmed Ben Saâda, initiateur du projet, du directeur des Travaux publics et des représentants du bureau d’études désigné.
Suite à un exposé du bureau d’études sur les caractéristiques techniques, architecturales et environnementales du projet, plusieurs réserves ont été émises par le professeur Ben Saâda, concernant notamment «l’optimisation fonctionnelle et la dimension écologique du projet». À la fin du débat, le wali a donné des instructions au bureau d’études afin de lever l’ensemble des réserves formulées, et de permettre le dépôt du cahier des charges auprès de la commission sectorielle.
Un préalable indispensable au lancement des étapes suivantes du projet. Piloté par la direction locale des travaux publics, ce projet de village scientifique, devant être implanté «aux proches abords de la Sebkha» aurait pour premier objectif de mettre un terme au grand problème de pollution et de clochardisation de ce lac salé classé en zone humide à protéger. Il s’agit, nous dit-on, de transformer toute la zone en «un espace intégré à multiples vocations, scientifique, écologique, touristique et récréative. Ce projet, tel que décrit, prévoit la réalisation de trois bâtiments modernes dédiés aux activités universitaires de recherche scientifique, ainsi que d’aires de promenades, de détente et de pratique sportive, d’espaces commerciaux, et même d’une salle de cinéma «IMAX». Un projet, soulignent des cadres concernés cités par la presse locale, qui serait «le premier du genre au niveau national» tant il se distingue par son architecture qui «reflétera l’identité urbaine et culturelle de la ville d’Oran».
Cependant bon nombre de commentateurs sur les réseaux sociaux, certes heureux et emballés par l’annonce de ce projet, semblent avoir du mal à identifier les priorités accordées aux différents objectifs annoncés. Pour des défenseurs et militants engagés dans la protection de l’environnement et de l’écosystème de la Sebkha, l’urgence serait d’achever et de finaliser toutes les opérations annoncées depuis des années comme étant engagées pour la dépollution et la réhabilitation du site de la Sebkha. Un site devenu au fil des décennies un dépotoire de déchets et un réceptacle hideux d’eaux usées industrielles et domestiques.
Un «point noir» nuisible à l’image de la ville et qui pénalise même la finalisation de certains projets d’extantions du réseau routier. Le projet de Village, ou de «Cité scientifique» comme l’appelle désormais des gestionnaires concernés, pourrait il est vrai redynamiser les actions annoncées depuis des lustres pour assainir, dépolluer, valoriser et transformer la Sebkha d’Oran en un pôle d’activités diverses intégré au tissu urbain et contribuant à l’attractivité et au rayonnement de la ville.
Pour les spécialistes en aménagement du territoire, le projet de réhabilitation de la Sebkha passe avant tout par de grandes et indispensables opérations de dépollution, d’éradication des écoulements d’eau usées et de préservation de l’écosystème sur cette zone humide abandonnée et livrée aux rejets polluants, aux déchets et aux nuisances en tout genre. Pour bon nombre de commentateurs avisés, la construction de trois, ou cinq bâtiments dédiés à la recherche scientifique devrait être une option complémentaire d’un autre niveau d’urgence et de priorité. Une démarche d’ailleurs évoquée par un ancien wali qui, prônait avant tout la relance des travaux d’assainissement, de nettoyage, de traitement des écoulements d’eaux usées, d’aménagement d’aires de détente et d’activités sportives, sans pour autant exclure la réalisation d’un grande et belle infrastructure à vocation scientifique ou touristique. «Chaque chose en son temps…» avait affirmé cet ancien wali d’Oran, connu pour son pragmatisme et son engagement.
Par S.Benali