Evênement

Scandale d’espionnage Pegasus : la justice espagnole rouvre son enquête après avoir reçu des documents de la France

Le juge espagnol qui avait classé l’enquête sur l’utilisation du logiciel d’espionnage Pegasus contre des membres du gouvernement de son pays, un scandale dans lequel le régime du Makhzen marocain est fortement impliqué, a décidé de relancer ses investigations, après avoir reçu des documents des autorités judiciaires françaises.

Le juge en a ainsi décidé après « avoir reçu une décision d’enquête européenne », mécanisme de coopération entre Etats membres de l’UE dans les enquêtes pénales, « émise par les autorités judiciaires françaises », indique le tribunal de l’Audience nationale dans un communiqué publié mardi.
Selon le communiqué rapporté par la presse espagnole, le juge espagnol a reçu dans ce cadre des documents issus de l’instruction ouverte en France en 2021 sur le piratage de téléphones de journalistes, d’avocats, de personnalités publiques, de ministres et de députés français avec Pegasus.
Il considère donc « que la comparaison des éléments techniques recueillis dans l’enquête française avec ceux obtenus » en Espagne « peut permettre de faire avancer l’enquête (…) afin de remonter jusqu’à l’origine du piratage », explique l’Audience nationale.
L’enquête espagnole avait été ouverte en 2022, lorsqu’on avait découvert que les téléphones du Premier ministre espagnol, mais aussi de ses ministres de la Défense, de l’Intérieur et de l’Agriculture, avaient été espionnés grâce à Pegasus.
Un peu plus d’un an après, face à « l’absence absolue de coopération judiciaire de l’entité sioniste qui n’a pas répondu à la commission rogatoire » demandant à interroger le patron de la société NSO, qui a développé et commercialisé Pegasus, le juge avait décidé de « classer provisoirement » son enquête.
Depuis, une commission d’enquête du Parlement européen avait été mise en place en mars 2023 et a rendu ses conclusions en juin dernier.
Elle avait confirmé l’implication du Makhzen marocain dans l’espionnage et le piratage des téléphones mobiles de Pedro Sanchez, de la ministre espagnole de la Défense, Margarita Robles, et du ministre espagnol de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska.
Le rapport, qui a été approuvé par 30 voix pour, 3 contre et 4 abstentions, confirme que des données ont été extraites des téléphones portables le 19 mai 2021, soit au plus haut de la crise diplomatique entre Madrid et Rabat autour de la question du Sahara occidental.
Ce qui confirme encore les soupçons concernant un chantage qu’aurait pu opérer le régime marocain sur le gouvernement espagnol sur cette question.
En novembre 2022, une marocaine, répondant au nom de Wafa Beraichi, cheffe d’unité administrative à l’Unesco, avait été renvoyée en raison de ses connivences avec les services de renseignements marocains qui ont tenté d’étouffer l’affaire d’espionnage Pegasus.
Cette fonctionnaire marocaine a fait l’objet d’une procédure disciplinaire interne qui a conduit à son licenciement, suite à la révélation du contrat entre l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et le collectif de journalistes Freedom Voices Network, ayant soutenu Forbidden Stories dans ses révélations au sujet de l’affaire Pegasus.
Pour rappel, en juillet 2021, une enquête mondiale menée par des médias internationaux a révélé l’utilisation, entre autres, par le Maroc du logiciel d’espionnage Pegasus mis au point par l’entreprise sioniste NSO Group.
Des journalistes marocains et étrangers ainsi que des hommes politiques étrangers figurent parmi les victimes de ce logiciel.
Ce scandale international a été révélé par 16 rédactions coordonnées par l’organisation Forbidden Stories, avec l’appui technique d’Amnesty International, qui se basent sur une liste de plus de 50.000 numéros de téléphone, présélectionnés par certains clients de NSO Group pour une éventuelle mise sous surveillance.
Pegasus, qui permet de prendre le contrôle d’un téléphone, donne accès à l’intégralité du contenu de l’appareil ainsi qu’à son microphone et à sa caméra.

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