S’émanciper de l’énergie fossile
L’un des enseignements de la guerre irano-sioniste est que les prix du pétrole n’obéissent pas à la conjoncture géopolitique dans la région du Moyen-Orient. Alors que les experts attendaient une flambée des cours, c’est le contraire qui s’était produit. Tout le monde s’était donc empressé de déconnecter les deux facteurs. Mais c’était visiblement aller vite en besogne puisqu’à des milliers de kilomètres de là, deux sous-marins nucléaires américains ont fait prendre au baril de l’or noir plusieurs dollars en quelques jours. Même si les cours ont repris leur niveau d’avant le coups de gueule de Trump contre la Russie, l’on aura apprécié l’influence persistante de la situation géopolitique mondiale sur la planète pétrole.
Pour l’Algérie qui n’a pas encore terminé son cycle de transition économique, les quelques dollars sont toujours les bienvenus, mais la course à l’indépendance vis-à -vis de l’or noir demeure vitale et plus que jamais nécessaire. A ce propos, force est de reconnaître que la prise de conscience est très sérieuse que ce soit au niveau de l’élite politique et économique qu’au sein de la société. Aucun Algérien n’imagine l’avenir de son pays avec des recettes d’exportation tirées quasi exclusivement du gaz et du pétrole. Mais tous sont conscients de l’importance pour l’Algérie de demeurer une puissance énergétique. C’est pour cette raison que l’option du développement des énergies renouvelables est à chaque fois confirmée par les responsables politiques. L’Algérie est plus que décidée à entrer dans l’ère de l’après pétrole avec un maximum d‘atouts. Et son principal atout est cette exceptionnelle amplitude d’ensoleillement portée par d’immenses territoires dédiés à abriter ce que des scientifiques ont qualifié de pile électrique de la planète. La prise de conscience s’est traduite sur le terrain par deux grands projets d’électricité solaire de 3200 MGW sur une ambition totale de plus de 15000 MGW à moyen terme.
Avec cet apport en énergie renouvelable adossé au grand chantier structurant Saouth H2 Corridor, l’Algérie prend une très sérieuse option de renforcer son positionnement de puissance énergétique, en multipliant les sources d’approvisionnement, dont une, est inépuisable. A cela s’ajoute la production de l’hydrogène vert et son exportation vers l’Europe au même titre que l’électricité solaire. Le pari de la diversification et de l’indépendance est-il gagné pour autant ? Pas encore répondraient les voix responsables. La victoire ne sera totale que lorsque les revenus du gaz et du pétrole iront alimenter un fonds souverain destiné aux générations futures. Car, l’Algérie n’est pas de ce genre de nations qui périclitent. La responsabilité de notre génération est de la confier à celles qui viennent dans le meilleur état possible. Le sang de 5,6 millions de martyrs irrigue cette terre.
Par Nabil.G