Squattée depuis des décennies, la vieille cité «CUMO» enfin rasée
Lors d’une cérémonie de remise des clés de plus de 2600 logements sociaux organisée jeudi dernier à la salle de conférences de la mosquée Abdelhamid Ibn Badis, le wali d’Oran a notamment déclaré que «cette opération a permis l’éradication des bidonvilles de Sbika et Cumo ». Il est vrai que l’on ne peut qu’applaudir et se réjouir du relogement de ces centaines de familles qui depuis des années vivent dans des conditions d’hygiène et de précarité lamentables.
Un calvaire, soulignent les médias, qui prend fin, après une longue attente ponctuée souvent par des mouvements de colère et de protestation devant le siège des institutions locales. Selon des sources officielles, depuis l’année 2005 plusieurs opérations de recensement des occupants des lieux ont été annoncées et menées par les services concernés de l’APC et de la daïra. Mais beaucoup semblent ignorer, ou oublier, que la vieille cité universitaire CUMO, aussitôt libérée par les étudiants qui y vivaient dans des conditions d’hygiène déplorable, a été occupée par des familles de travailleurs du secteur des oeuvres sociales universitaire et de l’éducation.
Après leur relogement, les chalets et les chambres ont été «vendus » à d’autres familles présumées sans abris venant de différentes wilaya du pays. Les habitants d’Es-sénia se souviennent de cet ancien chef de la daïra, M. Belhadjazi El Ghali, encore en poste en 2008, et qui avait courageusement dénoncé des acteurs locaux et des pratiques mafieuses permettant au fléau du bidonville de prospérer dans une totale impunité. Comment comprendre et expliquer que des chalets en bois d’une vieille cité universitaire désaffectée ne soient pas aussitôt démolis et enlevés pour permettre d’implanter une nouvelle infrastructure sociale, une école ou un lycée?
On sait en réalité à quel point Oran a été maltraitée et marginalisée par une absence de vision et de volonté politique visant à ruiner les ambitions collectivement partagées. Les campagnes d’éradication des bidonvilles, inscrites à l’époque au seul registre de la démagogie des années de plomb permettaient toujours au bidonville démoli de revenir au même endroit, notamment dans la commune d’Es-sénia, devenue célèbre pour ses nombreux sites d’habitat précaire illicite.
La démolition des vieux chalets de la CUMO, transformés en bidonville depuis plus de trente ans, est un signe bienvenu annonciateur d’un changement tant espéré dans les pratiques et les normes de gestion du cadre urbain oranais.
Par S.Benali