Tricheries et aux magouilles
Il y a plus d’une quinzaine d’années, en novembre 2006, l’ancien wali Tahar Sekrane en poste à l’époque avait affiché sa grande colère en découvrant les malfaçons et les tricheries, visibles à l’oeil nu, lors d’une visite d’un chantier de construction d’un établissement scolaire en voie de finition. Mais il a été aussi choqué d’apprendre que l’entreprise privée de réalisation de ce projet était également bénéficiaire de trois autres marchés pour la construction d’écoles à la wilaya d’Oran. Une pratique que l’on croyait révolue. Mais la semaine dernière, c’est le wali en poste, M. Said Sayoud qui a été choqué et furieux de constater que trois chantiers de réalisation de trois établissements hospitaliers étaient encore à l’arrêt alors que les délais de livraison sont très largement dépassés. Trois projets, confiés à une même entreprise de réalisation, et qui connaissent tous des carences, des défaillances et des déboires qui n’ont jamais été portés à la connaissance du wali. Tout comme son prédécesseur, le premier responsable de la wilaya a laissé éclater sa colère, affirmant que de telles pratiques de gestion «sont inadmissibles et condamnables».
«Des actes de gestion qui ne peuvent pas être tolérés ni encore moins pardonnés» a déclaré le wali qui a aussitôt demandé un rapport d’enquête sur cette scandaleuse situation. Commentant cette actualité locale, les mauvaises langues oranaise se sont empressé d’affirmer que «depuis des décennies, rien de fondamental n’a vraiment changé» en matière des normes élémentaires de gestion des projets, de respect des cahiers des charge et des délais de réalisation, de rationalisation des dépenses publiques, et de prise en charge efficace des opérations devant répondre aux attentes des citoyens.
« On peut éventuellement admettre qu’un entrepreneur intégre et performant puisse prendre en charge plusieurs chantiers de construction s’il en a les moyens et les capacités, souligne un ancien fonctionnaire de la wilaya, mais il se trouve que bien souvent les projets sont confiés à des «affairistes» incompétents qui sous-traitent les travaux à des artisans et des tâcherons…». Il est vrai que la wilaya d’Oran souffre d’un grand déficit en entreprises de travaux performantes et crédibles qui se comptent sur les doigts d’une main et sont généralement engagées dans de plus grands projets de développement. Mais pourquoi, se demandent bon nombre d’observateurs, l’affectation des marchés pour la construction d’une école ou d’un dispensaire n’est pas scrupuleusement encadrée par des critères précis et vérifiés avant le lancement de chaque projet? En réalité, depuis toujours, la porte est restée bien ouverte aux tricheurs et aux magouilleurs qui profitent des failles et des dérives du système de gestion des projets lancés par la municipalité ou par certains secteurs d’activité dont l’éducation et la santé.
Par S.Benali